Thèse soutenue

Adaptations biomécaniques au soutien d’un poids corporel important : le cas des os longs des membres des Rhinocerotoidea

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Cyril Etienne
Direction : Alexandra Houssaye
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Ecologie, évolution et biologie environnementale
Date : Soutenance le 03/03/2023
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Frontières de l'innovation en recherche et éducation (Paris ; 2006-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Mécanismes adaptatifs et évolution (2006-.... ; Brunoy (Essonne))
Jury : Président / Présidente : William Irvin Sellers
Examinateurs / Examinatrices : Christine Chappard
Rapporteur / Rapporteuse : Tracy L. Kivell, John A. Nyakatura

Mots clés

FR  |  
EN

Résumé

FR  |  
EN

L'objectif de cette thèse est d'identifier les adaptations ostéologiques à une masse corporelle importante, spécifiquement chez les rhinocéros. En effet, les rhinocéros sont les deuxièmes animaux terrestres vivants les plus lourds et, contrairement aux autres animaux de taille comparable, ils peuvent galoper. Des forces extrêmement importantes transitent par les os de leurs membres, qui doivent présenter des adaptations spécifiques. Ici, nous utilisons la microtomographie à rayons X pour décrire la microanatomie des six os longs des membres (humérus, radius, ulna, fémur, tibia, fibula) des cinq espèces de rhinocéros. Nous cherchons d'abord à quantifier précisément les forces agissant sur les os, puis à caractériser leur microanatomie et son adaptation à ces forces.Dans le premier chapitre, nous étudions les muscles des membres des rhinocéros, en définissant leurs zones d'insertion et force maximale chez les rhinocéros indiens et blancs. Le membre antérieur, spécialisé dans le soutien du corps, présente des muscles puissants, fortement pennés avec des fascicules courts. Le membre postérieur, spécialisé dans la propulsion, présente des muscles très larges avec des fascicules plus longs, capables d'atteindre des vitesses plus élevées. Le deuxième chapitre utilise les résultats du premier chapitre pour calculer l'intensité et la direction des forces agissant sur les os quand le rhinocéros est debout au repos. Les muscles extenseurs sont les plus actifs, et les muscles avec un plus grand bras de levier sont favorisés. Se tenir debout n'utilise pas les muscles du rhinocéros à leur force maximale, qui ne doit être atteinte que pendant la locomotion. Le troisième chapitre décrit qualitativement la microanatomie de 23 spécimens de rhinocéros des cinq espèces. Un total de 483 coupes virtuelles ont été réalisées sur des scans de microtomographie à rayons X des os longs des membres, et comparées sur une base intra-individuelle, intraspécifique et interspécifique. Les rhinocéros présentent un cortex très épais dans leur diaphyse. La cavité médullaire est remplie d'os spongieux pour aider à absorber les forces, sauf chez les individus les plus légers. Les épiphyses présentent un cortex fin, plus compliant pour ne pas transmettre de fortes contraintes au fragile cartilage. Le quatrième chapitre utilise des développements méthodologiques pour quantifier la microanatomie sur un spécimen de chaque espèce. La répartition du pourcentage de volume osseux et de l'anisotropie des travées ont été calculées, avec des représentations en 3D des régions les plus compactes et anisotropes. Les régions fortement anisotropes prennent naissance là où les forces les plus élevées sont situées (zones de contact, insertions de muscles puissants), et s'étendent parfois sur une longue distance jusqu'à ce qu'elles puissent transmettre les forces à l'os cortical. Le cinquième chapitre s'appuie sur tous les chapitres précédents pour construire un modèle d'os par éléments finis, et simuler la répartition des forces à l'intérieur de cet os. Ces forces ont ensuite été corrélées à la microanatomie observée pour voir comment elle diffère entre les régions soumises à une forte compression, une forte tension ou de faibles forces. Des modules de Young moyens dans des régions spécifiques de l'os trabéculaire ont également été calculés, jusqu'à 7,7 GPa pour le condyle médial de l'humérus. Globalement, nous avons montré que l'os peut s'adapter à des forces très importantes de différentes manières. Avec les travaux précédents sur la morphologie externe des os de rhinocéros, nous fournissons une compréhension très approfondie de la façon dont les os de rhinocéros résistent à des forces allant jusqu'à ~20-30 kN, menant à des applications potentielles dans le domaine des implants osseux et des sciences des matériaux.