Microfluidique des surfaces ciliées : approche biomimétique de la clairance mucociliaire dans les poumons
Auteur / Autrice : | Stefan Rouach |
Direction : | Jean-François Berret |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Physique |
Date : | Soutenance le 19/04/2023 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Physique en Île-de-France (Paris ; 2014-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire Matière et Systèmes Complexes (Paris ; 2001-....) |
Jury : | Président / Présidente : Antigoni Alexandrou |
Examinateurs / Examinatrices : Antigoni Alexandrou, Marie-Pierre Valignat, Xavier Noblin, Sandra Lerouge | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Marie-Pierre Valignat, Xavier Noblin |
Résumé
Les particules fines en suspension dans l'air proviennent des installations de production, des chantiers de construction et des incendies de forêt, entre autres sources, et leur inhalation est une cause importante de maladie et de mortalité prématurée dans le monde. Parmi elles, les particules dont la taille est inférieure à 10 µm (PM10), infligent l'impact le plus préjudiciable en raison de leur capacité à échapper aux barrières défensives du système respiratoire, ciblant les extrémités distales des poumons. Le système respiratoire des mammifères exprime un mécanisme défensif dans lequel les particules inhalées sont piégées et éliminées via un processus connu sous le nom de « clairance mucociliaire ». Une barrière physique comprenant une couche de mucus récurrente est périodiquement expulsée par l'action métachronale des cellules épithéliales ciliées, fournissant un réseau maillé collant pour piéger la matière particulaire, et un battement de cils coordonné pour éliminer la matière étrangère. Le mucus est un gel et ses propriétés viscoélastiques dictent l'efficacité de la clairance mucociliaire. Inspirés par ces phénomènes, les chercheurs visant à créer de nouveaux vecteurs de médicaments pour les thérapies pulmonaires se sont tournés vers les nanoparticules comme moyen de contourner la barrière défensive du système respiratoire. Cependant, la recherche a toujours été entravée par des représentations in vitro trop simplifiés des conditions in vivo. Ces dernières années, des modèles alternatifs de systèmes respiratoires in vitro tentent d'imiter leurs homologues biologiques en utilisant des caractéristiques microfluidiques capables d'extruder des particules dispersées dans des fluides résultant du battement coordonné d'actionneurs souples. Ces modèles comprennent souvent des réseaux de micropiliers à base d'élastomère, fonctionnalisés magnétiquement avec des micro- ou nanoparticules de fer, qui s'actionnent dans un champ magnétique tournant. Ces réalisations ont permis aux chercheurs d'étudier l'écoulement suivi des particules dans le contexte des fluides newtoniens et des solutions visqueuses. Cependant, à ce jour, aucune équipe n'a présenté de modèle représentant la complexité multicouche de la muqueuse respiratoire, dont l'expression rhéologique varie sur toute sa profondeur. Dans cette thèse, je présente un modèle qui mime mieux les composants composant la couche de mucus respiratoire, ce qui pourrait améliorer la représentation de la clairance mucociliaire dans le cadre d'un organe sur puce. Suivant les protocoles publiés, des micropiliers de longueur 50 à 150 µm et de diamètre 15 à 30 µm sont réalisés et incorporés dans une puce microfluidique. Des aimants permanents sont commandés via un moteur pour induire une déviation dans les micropiliers, de sorte qu'une onde d'actionnement pseudo-métachrone est obtenue. La caractérisation du profil de battement du micropilier et du profil de vitesse du liquide est réalisée. En perspective, nous montrons comment nous avons reproduit une double couche de liquides non miscibles, imitant étroitement le mucus et sa couche périciliaire sous-jacente. Pour y parvenir, une fine couche d'huile minérale récapitule la phase périciliaire du fluide de viscosité relativement faible, et une couche de fluide viscoélastique synthétique imite le mucus. Cette approche renforce la possibilité de futures caractérisations sur puce de la clairance mucociliaire.