Que peut la critique ? : la critique dans son rapport à la théorie et à la pratique

What can criticism achieve ? : reflections on criticism in its relation to theory and practice

• Auteur / Autrice : Fanny Lederlin
• Direction : Hélène L'Heuillet
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Philosophie politique
• Date : Soutenance le 29/03/2023
• Etablissement(s) : Université Paris Cité
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences des sociétés (Paris ; 2019-....)
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche en Philosophie, Sociologie et Politique (Paris ; 2019-....)
• Jury : Président / Présidente : Stéphane Haber
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Stéphane Haber, Arnaud Esquerre, Paul Audi
• Jury : Rapporteurs / Rapporteuses : Stéphane Haber, Arnaud Esquerre

Mots clés

Mots clés contrôlés

Modernité

Libéralisme économique

Pratique (philosophie)

Théorie (philosophie)

Esprit critique

Mots clés libres

Critique

Écologie

Lumières

Modernité

Néolibéralisme

Pratique

Révolution

Transition

Travail

Vivant

Criticism

Ecology

Enlightenment

Modernity

Neoliberalism

Practice

Revolution

Tinkering

Transition

Work

Résumé

Depuis trois cent ans, la critique moderne articule à son projet théorique - questionner « l'ordre du monde » par l'exercice autonome de la raison et de l'entendement -, un projet pratique : faire advenir, par cet exercice même, mais aussi, depuis Marx, par l'expérience d'une « praxis révolutionnaire », un « monde meilleur ». Or, il semble que « l'ordre capitaliste bourgeois », bien qu'il ait subi de nombreuses modifications, demeure, à l'heure actuelle, l'ordre dominant du monde. Comment expliquer l'échec de la critique moderne à « changer le monde » ? Et comment croire, sur la base d'un tel bilan, qu'elle pourrait mieux réussir aujourd'hui, alors qu'aux injustices et aux despotismes qu'elle dénonce depuis trois cents ans s'ajoute désormais une catastrophe écologique planétaire qui rend plus urgent que jamais un changement de « l'ordre des choses » ? La critique moderne peut-elle encore quoi que ce soit pour notre époque ? Tenter de répondre à cette question suppose d'abord d'étudier les mécanismes et les dispositifs par lesquels l'ordre économique et social qui prend actuellement la forme du néolibéralisme parvient à détourner la critique de ses objectifs. Cela suppose ensuite d'examiner les faiblesses internes d'un mode de pensée qui a pu s'éloigner, au cours de l'histoire, des préceptes des penseurs des Lumières pour se dévoyer dans les ivresses de l'idéalité (idéalisme, idéologie), de la morale ou du soupçon, mais aussi laisser se troubler les « horizons normatifs » (progrès, révolution, émancipation par le travail) à l'aune desquels elle a jusqu'à présent opposé « ce qui est » à « ce qui devrait être ». L'examen de ces faiblesses et de ces écueils nous conduira sur le chemin d'une « critique interstitielle » qui, ayant déplacé le cadre conceptuel et méthodologique de sa pratique, pourrait peut-être contribuer à faire émerger un monde plus harmonieux, plus juste et plus viable.

Modern criticism has articulated for three hundred years a theoretical project - to question "the world order" through the autonomous exercise of reason and understanding -, to a practical project: to bring about a "better world". Now, it seems that the "bourgeois capitalist order", although it has undergone many modifications, remains at the present time the "dominant order" of the world. How to explain this failure of modern criticism to transform the world? This disappointing track record forces to put into question the role of criticism today, in a context where a planetary ecological catastrophe is now being added to the inequalities and despotisms that have been incriminated by modern criticism for three centuries. With a need for change in the "order of things" ever more pressing, can modern criticism still do anything for our time? Trying to answer this question first implies studying the mechanisms and devices by which the economic and social order that today takes the form of neoliberalism manages to divert criticism from its objectives. This then implies examining the internal weaknesses of a way of thinking which has been able to move away, throughout history, from the precepts of the thinkers of the Enlightenment to wander into ideality (idealism, ideology) , morality or suspicion. This also implies examining the way in which it's "normative horizons" (progress, revolution, emancipation through work) became confused. The scrutiny of these weaknesses and these pitfalls may lead us on the path of an "interstitial criticism" which, having shifted the conceptual and methodological framework of its practice, could contribute to the emergence of a more harmonious, fairer and more viable world.