Troys seurs de noble lignaige'' : commande, réception et usages des images de la parenté du Christ (France, XIIIe-milieu du XVIe siècle)
Auteur / Autrice : | Solène Baron |
Direction : | Didier Lett, Véronique Rouchon-Mouilleron |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire et civilisations |
Date : | Soutenance le 14/12/2023 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences des sociétés (Paris ; 2019-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Identités, cultures, territoires (Paris ; 1992-2024) |
Jury : | Président / Présidente : Elodie Lecuppre-Desjardin |
Examinateurs / Examinatrices : Didier Lett, Véronique Rouchon-Mouilleron, Elodie Lecuppre-Desjardin, Étienne Anheim, Philippe Lorentz, Elizabeth L'Estrange | |
Rapporteur / Rapporteuse : Elodie Lecuppre-Desjardin, Étienne Anheim |
Résumé
Entre les XIIIe et XVIe siècles, les images de la parenté christique ont peu à peu migré des sommes théologiques vers les multiples supports de commande privée. Les diagrammes généalogiques ont cédé la place aux images dévotionnelles. À partir du XVe siècle, en France, les thèmes iconographiques que sont, par exemple, Sainte Anne Trinitaire, les Trois Maries ou la Sainte Parenté, ont suscité un engouement croissant auprès des commanditaires laïques ou ecclésiastiques, nobles ou bourgeois, hommes comme femmes. La parenté humaine du Christ a ses figures de proue, féminines principalement. C'est autour de sa grand-mère, Anne, qu'elle se déploie : elle a trois filles, issues de trois maris successifs et elles-mêmes mères de sept fils, dont le Christ et certains de ses apôtres ; elle a une soeur, Esmérie, mère d'Élisabeth et grand-mère de Jean-Baptiste. Ces images et les dévotions qui y sont attachées accompagnent les temps forts de la vie des croyants : conception et naissance d'un enfant, expérience du veuvage ou du remariage, préparation de son salut personnel et de celui de ses proches. En resserrant l'analyse sur le contexte de commande et de réception, on met au jour la nature réflexive de ces images et de leurs usages. Face à la mort, la sainte parenté offre un modèle de réunion à Dieu. Elle suggère, selon nous, la permanence consolatrice de la cohésion familiale dans l'au-delà, à l'instar des portraits dévotionnels de famille, dont le développement aux XVe et XVIe siècles est concomitant. Dans les milieux royaux et princiers, la parenté féminine du Christ est invoquée pour favoriser la conception d'un héritier, ou appuyer des prétentions dynastiques durant les crises successorales. Bien des familles tiennent une part de leur pouvoir, de leur prestige social et de leur fortune des alliances conclues par leurs aïeux masculins avec des femmes d'un niveau social plus élevé. En cela, on montrera que la prévalence symbolique des femmes de la parenté christique entre en correspondance avec la mémoire familiale des commanditaires ou destinataires de ces images.