Épidémiologie descriptive et clinique des vascularites associées aux anticorps anti-cytoplasme des polynucléaires neutrophiles (ANCA) : prévalence et classification phénotypique
Auteur / Autrice : | Emma Rubenstein |
Direction : | Alfred Mahr |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Épidémiologie |
Date : | Soutenance le 20/12/2023 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Pierre Louis de santé publique : épidémiologie et sciences de l'information biomédicale (Paris ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de Recherche Epidémiologie et Statistique Sorbonne Paris Cité |
Jury : | Président / Présidente : Thomas Hanslik |
Examinateurs / Examinatrices : Noémie Jourde-Chiche, Eric Rosenthal | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Christophe Lega, Lamiae Grimaldi-Bensouda |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
L'épidémiologie des vascularites associées aux ANCA (VAA) est encore imparfaitement élucidée. Ce travail de thèse s'est intéressé à leur prévalence, aux critères de classification en granulomatose avec polyangéite (GPA), polyangéite microscopique (PAM) et granulomatose éosinophilique avec polyangéite (GEPA), et à l'importance des anticorps anti-cytoplasme des polynucléaires neutrophiles (ANCA) dans leur description phénotypique, notamment pour la GEPA. La première étude est une étude de prévalence des VAA dans l'Hérault et le Gard pour l'année 2018, avec une évaluation des différences entre Européens et non Européens. Elle était basée sur quatre sources d'information (hôpitaux et cliniques, médecins libéraux, laboratoires, Assurance Maladie) avec utilisation de la méthode de capture-recapture. Les cas étaient définis par les critères ACR/EULAR 2022, complétés de l'algorithme de l'EMA si nécessaire. La prévalence standardisée était estimée à 48 par million d'habitants (IC 95% 35 - 64) pour la GPA, 39 par million d'habitants (IC 95% 28 - 53) pour la PAM et 16 par million d'habitants (IC95% 9 - 26) pour la GEPA, avec une estimation de l'exhaustivité de 80.5%. La prévalence des VAA était plus importante pour les résidents non européens (P=0.001), en particulier pour la PAM (P<0.0001). La deuxième étude évaluait les derniers critères ACR/EULAR 2022, en comparaison avec l'algorithme de l'EMA, sur la cohorte de patients issus de l'étude de prévalence dans l'Hérault et le Gard. On observait 15.8% de discordances entre les deux méthodes de classification. La principale difficulté retrouvée avec les critères ACR/EULAR 2022 concernait les patients avec un tableau clinique de GPA et des anticorps anti-myéloperoxydase, du fait d'un coefficient important alloué aux ANCA pour le classement en GPA ou PAM avec ces critères. La troisième étude avait pour objectif de déterminer si la GEPA pouvait être divisée en sous-phénotypes distincts, vascularitique ou éosinophilique, notamment selon la présence d'ANCA. Elle s'appuyait sur une cohorte issue de quatre pays européens, avec une définition des cas par les critères de Lanham et/ou les critères ACR 1990 complétés d'un critère de positivité des ANCA. Une analyse des correspondances multiples était réalisée, suivie d'une analyse de cluster, et de la construction d'arbres décisionnels, en fonction des différentes caractéristiques cliniques et de la présence des ANCA. Sur les 489 patients inclus, on observait une association statistique entre la présence d'ANCA (chez 37.2% des patients) et de manifestations rénales (P<0.001) ou neurologiques périphériques (P=0.04), et au contraire une atteinte myocardique significativement moins fréquente (P<0.001). L'analyse individualisait quatre (modèle sans ANCA) ou cinq clusters (modèle avec ANCA), mais ceux-ci n'étaient ni cliniquement pertinents, ni mutuellement exclusifs, et plutôt en faveur d'un continuum entre les différentes formes cliniques de GEPA. Nous apportons ainsi des données supplémentaires pour la compréhension épidémiologique des VAA. Cependant, leur géo-épidémiologie, ainsi que leur classification phénotypique, doivent encore être précisées.