Hyperplasie bénigne de la prostate : de la caractérisation du modèle probasine-prolactine par analyse transcriptomique sur cellule unique à la thérapie antioxydante
Auteur / Autrice : | Leïla Dos Santos |
Direction : | Vincent Goffin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Physiologie et physiopathologie |
Date : | Soutenance le 16/10/2023 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Bio Sorbonne Paris Cité (Paris ; 2014-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut Necker Enfants-Malades (Paris ; 2014-....) |
Entreprise : Zion Pharma (2017-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Olivier Cuvillier |
Examinateurs / Examinatrices : Mathilde Sibony, Morgan Gallazzini, Jocelyn Ceraline | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Olivier Cuvillier, Marie-Aimée Perrouin-Verbe |
Mots clés
Résumé
L'hyperplasie bénigne de la prostate (HBP) est une pathologie liée à l'âge. Elle affecte 50% des hommes de 50 ans et peut atteindre 90% à 80 ans. L'HBP se caractérise par une hypertrophie de la zone transitionnelle de la prostate, ce qui peut engendrer des symptômes du bas appareil urinaire (liés au rétrécissement du calibre de l'urètre prostatique) affectant la qualité de vie des patients. L'HBP résulte d'une hyperplasie des compartiments cellulaires épithélial et/ou stromal, d'un fort tonus fibromusculaire et d'une inflammation prostatique. Son étiologie reste très mal comprise, et les traitements actuels, qu'il s'agisse des inhibiteurs de la 5'-réductase (5-ARI, bloquant la signalisation androgénique in situ) ou des '-bloquants (diminuant le tonus musculaire de la prostate), ne peuvent traiter efficacement tous les patients. En cas d'échec thérapeutique, un traitement chirurgical est indiqué. Ces traitements entrainent parfois des complications, il est donc primordial de mieux connaitre l'étiologie de cette pathologie afin de proposer des alternatives thérapeutiques efficaces. La corrélation entre les marqueurs de stress oxydant (sériques et in situ) et le volume prostatique est admise. C'est pourquoi le partenaire industriel de cette thèse CIFRE (Zion Pharma) a souhaité repositionner comme traitement de l'HBP une molécule antioxydante déjà utilisée en clinique pour d'autres pathologies : l'anethole tritione (ATT), qui réduit la production de dérivés réactifs de l'oxygène (ROS) mitochondriaux. Pour ce projet, j'ai utilisé un modèle animal d'HBP étudié de longue date dans mon laboratoire d'accueil : la souris transgénique Pb-PRL, qui exprime la prolactine (PRL) dans les cellules luminales sous contrôle du promoteur probasine. La prostate hyperplasique de ces souris présente des phénotypes histologiques rappelant ceux de la pathologie humaine, et se caractérise par l'amplification d'une population de progéniteurs luminaux résistants à la castration. Mes objectifs de thèse ont donc été de caractériser la prostate des souris Pb-PRL par séquençage d'ARN sur cellules uniques (scRNAseq), et d'évaluer les effets cellulaires et moléculaires de l'ATT sur la prostate de ces souris, ainsi que sur des lignées cellulaires prostatiques humaines. La caractérisation des différents compartiments cellulaires par séquençage d'ARN sur cellules uniques (scRNAseq) nous a permis de mettre en évidence que l'épithélium prostatique des souris Pb-PRL présentait un appauvrissement des cellules luminales androgéno-dépendantes au profit de diverses populations cellulaires moins différenciées, intermédiaires entre les cellules basales et luminales. Ces cellules présentent des analogies avec les cellules Club/Hillock récemment identifiées dans la prostate humaine par scRNAseq, et dont le rôle dans l'étiologie de l'HBP et la résistance aux 5-ARI a été très proposé. Nos analyses bio-informatiques suggèrent que ce remodelage épithélial résulte d'une plasticité cellulaire potentiellement orchestrée par la baisse de la signalisation androgénique et l'augmentation de la signalisation STAT5. L'altération des paramètres urodynamiques des souris Pb-PRL, mise en évidence dans ce travail, s'accompagne également de la baisse d'expression prostatique des enzymes antioxydantes. Un mois de traitement par l'ATT a conduit à l'amélioration des paramètres urodynamiques des souris Pb-PRL, accompagnée par la réduction du poids de leurs prostates. L'ATT altère les capacités progénitrices des cellules épithéliales de ces souris, et diminue la prolifération cellulaire et le métabolisme mitochondrial des cellules prostatique humaine BPH-1. Au niveau stromal, l'ATT diminue la proportion de myofibroblastes dans les prostates de Pb-PRL et améliore les capacités antioxydantes de la lignée myofibroblastique humaine WPMY-1. En conclusion, ces résultats confirment la pertinence des souris Pb-PRL comme modèle préclinique de l'HBP, et suggèrent l'approche antioxydante comme un