Thèse soutenue

Questions émergentes dans l'évaluation du risque rétinien des nouvelles technologies d'éclairement domestique : étude expérimentale

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Auteur / Autrice : Anaïs Françon
Direction : Alicia Torriglia
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Toxicologie
Date : Soutenance le 16/05/2023
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Médicament, toxicologie, chimie, imageries (Paris ; 2014-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche des Cordeliers (Paris ; 2007-....)
Jury : Président / Présidente : Nicolas Leveziel
Examinateurs / Examinatrices : Dina Attia, Jack Falcon, Francine Béhar-Cohen
Rapporteur / Rapporteuse : Émeline Nandrot, Isabelle Ranchon-Cole

Résumé

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L'exposition de l'oeil à la lumière, bien qu'étant essentielle au mécanisme de la vision, peut, à forte dose, entrainer la dégénérescence de la rétine. Ce phénomène de phototoxicité touche aussi bien la rétine neurale que l'épithélium pigmentaire de la rétine (EPR). Afin d'éviter un risque phototoxique chez la population générale, il existe des normes régissant l'éclairage domestique. Elles se basent sur le seuil de phototoxicité de la lumière bleue défini expérimentalement pour la rétine des primates. En effet, on considère que la lumière bleue, qui est la partie la plus énergétique du spectre de la lumière visible, est la seule responsable de la phototoxicité des sources lumineuses. Actuellement ce seuil correspond à une dose rétinienne de 22 J/cm² à 445 nm. Il est à noter que les seuils de phototoxicité ont été étudiés avec les mêmes méthodes expérimentales chez le rongeur. Pour ces animaux le seuil de toxicité de la lumière bleue a été estimé à 11 J/cm². De nos jours, l'éclairage domestique repose principalement sur l'utilisation de diodes électroluminescentes (LED) blanches. Cette technologie produit une lumière ayant une proportion importante de longueurs d'onde bleues et une faible part de longueurs d'onde rouges, en comparaison des technologies d'éclairage plus anciennes. Dans ce travail nous avons effectué des études dose-réponse chez le rat Wistar et nous avons trouvé un seuil de phototoxicité de 0,2 J/cm² pour la lumière bleue. En comparant l'effet de LED blanches, bleues et vertes, nous avons montré que la composante bleue n'est pas la seule responsable de la phototoxicité de la lumière blanche. Ainsi, la composante bleue induit des mécanismes de mort cellulaire tandis que la composante verte induit des mécanismes de stress cellulaire dans la rétine. De plus, nous avons montré que l'ajout de lumière rouge à la lumière blanche a un effet protecteur sur la perte des photorécepteurs. Elle participe à la modulation des voies de stress, en particulier de l'autophagie et des mécanismes de réparation de l'ADN comme nous l'avons montré sur des modèles cellulaires. Finalement, nous avons montré la toxicité de doses de lumière en dessous du seuil de phototoxicité des primates sur des cultures de cellules humaines de l'EPR. Ces différents résultats nous ont permis de remettre en cause les seuils actuels de phototoxicité des rongeurs qui apparaissent très surestimés. Bien que les valeurs chez le primate n'aient pas été évaluées dans ce travail, le fait qu'elles aient été calculées de la même façon et avec les mêmes méthodes que pour les rongeurs laisse présumer leur surestimation. Nous avons également montré la non-pertinence de l'utilisation exclusive de la lumière bleue dans l'évaluation de la phototoxicité d'une source lumineuse, montrant la nécessité de prendre en compte l'intégralité de son spectre.