Implication de la protéine prion cellulaire dans la neurotoxicité de protéines amyloïdes et de nanoparticules
Auteur / Autrice : | Luiz W. Ribeiro |
Direction : | Benoît Schneider |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biologie cellulaire et moléculaire |
Date : | Soutenance le 02/02/2023 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Bio Sorbonne Paris Cité (Paris ; 2014-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Toxicité environnementale, cibles thérapeutiques, signalisation cellulaire (Paris ; 2014-....) |
Jury : | Président / Présidente : Armelle Baeza-Squiban |
Examinateurs / Examinatrices : Anna Bencsik, Jean-Michel Peyrin | |
Rapporteur / Rapporteuse : Emmanuel Brouillet, Pierre Sibille |
Mots clés
Résumé
La protéine prion cellulaire (PrPC) est une protéine membranaire ubiquitaire, majoritairement exprimée dans les neurones. La conversion transconformationnelle de la PrPC en prion pathogène PrPSc est à l'origine des maladies à prions (MP). Il est établi que la neurodégénérescence induite par la PrPSc dépend de l'expression de la PrPC dans les neurones et résulte d'une déviation de la/des fonction(s) de la PrPC par la PrPSc. Identifier les fonctions de la PrPC est donc essentiel pour appréhender les mécanismes par lesquels la PrPSc provoque la neurodégénérescence. Mes travaux de thèse identifient une fonction cellulaire régulée par la PrPC : le métabolisme énergétique. L'expression de la PrPC favorise l'orientation métabolique des cellules vers la dégradation oxydative du glucose. Dans un contexte infection à prions, la perte du rôle de la PrPC sur le métabolisme du glucose conduit à la reprogrammation métabolique des neurones infectés vers la β-oxydation des acides gras, ce qui génère des conditions de stress oxydant délétères pour les neurones. Ce switch métabolique dépend de la suractivation de la pyruvate déshydrogénase kinase 4 (PDK4) et de la diminution d'activité du complexe pyruvate déshydrogénase mitochondriale. Inhiber PDK4 par un médicament, le dichloroacétate, chez les souris infectées par les prions rétablit la dégradation du glucose et retarde la mort des souris. Nos travaux identifient PDK4 comme une cible thérapeutique potentielle pour lutter contre les maladies à prions. Au-delà de la PrPSc, la PrPC émerge comme un récepteur de la membrane plasmique capable de fixer des oligomères de différentes protéines amyloïdes, relayer leur neurotoxicité et/ou favoriser leur propagation. Dans ce contexte, mes travaux de thèse montrent que la PrPC reconnait un mutant de la superoxyde dismutase-1 (SOD1G93A), une protéine amyloïde impliquée dans la sclérose amyotrophique latérale (SLA), élargissant le répertoire des protéines amyloïdes reconnues par la PrPC. L'interaction PrPC/SOD1G93A suractive la 3-phosphoinositide-dependent protein kinase-1 (PDK1), qui promeut à son tour l'internalisation de l'α-sécrétase TACE. TACE est alors découplée d'un de ses substrats, les récepteurs au TNFα (TNFR), qui s'accumulent à la membrane plasmique et rendent les neurones hypersensibles au stress inflammatoire TNFα. Neutraliser la PrPC ou inhiber PDK1 dans les souris modèles pour la SLA (Tg-SOD1G93A) protègent les neurones de la neurodégénérescence, préservent les performances motrices et allongent la durée de vie des animaux SLA. Étant donné que la déviation de l'axe PrPC/PDK1/TACE contribue aussi à la neurodégénérescence dans les maladies à prions et d'Alzheimer (AD), nos travaux supportent l'existence de mécanismes de neurodégénérescence communs à plusieurs maladies neurodégénératives amyloïdes. Les nanoparticules (NP) sont des matériaux de taille nanométrique qui forment en milieu biologique de petits agrégats proches, en taille et structure, à ceux des protéines amyloïdes. Mes travaux montrent que, à l'instar de la PrPSc, d'Aβ et de la SOD1G93A, des NP de dioxyde de titane ou de noir de carbone sont reconnues par la PrPC à la surface des neurones et dévient sa fonction de signalisation. Cela conduit à la production de ROS via la NADPH oxydase, et l'internalisation de TACE dépendante de PDK1. L'internalisation de TACE (i) provoque, in vitro et in vivo, l'accumulation de TNFR à la membrane plasmique, rendant les neurones très sensibles au stress inflammatoire TNFα et (ii) augmente la production des peptides Aβ en raison d'une perte de l'activité TACE α-sécrétase vis-à-vis de la protéine précurseur des amyloïdes (APP). L'AD étant une maladie neurodégénérative dont l'étiologie demeure inconnue, mes travaux suggèrent que les NP, en tant que polluant environnementaux, contribuent à l'émergence et/ou la progression de cette maladie via la dérégulation de la fonction de signalisation de la PrPC.