Thèse soutenue

Microscopie hyperspectrale dans l'UV profond du nitrure de bore hexagonal : de la monocouche aux polytypes

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Auteur / Autrice : Adrien Rousseau
Direction : Guillaume Cassabois
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Physique et astrophysique
Date : Soutenance le 08/12/2023
Etablissement(s) : Université de Montpellier (2022-....)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Information, Structures, Systèmes (Montpellier ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Charles Coulomb (Montpellier)
Jury : Président / Présidente : Thierry Taliercio
Examinateurs / Examinatrices : Matthieu Jamet
Rapporteurs / Rapporteuses : Alberto Zobelli, Emmanuel Baudin

Résumé

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Dans cette thèse, j'ai étudié les propriétés optiques des monocouches et des polytypes de nitrure de bore hexagonal (hBN) en utilisant la microscopie hyperspectrale dans l'ultraviolet (UV) profond. Au cours de la dernière décennie, le hBN est apparu comme un matériau essentiel pour l'optoélectronique dans l'UV profond, présentant une forte émission à la longueur d'onde typique de 210 nm. Il est intéressant de noter que le hBN est un matériau lamellaire semblable au graphite, constitué de couches atomiques en nid d'abeille faiblement empilées composées d'atomes de bore et d'azote appelées monocouches de hBN. Comme beaucoup d'autres matériaux 2D, la structure lamellaire du hBN offre une grande polyvalence dans la configuration atomique, permettant la séparation des couches jusqu'à l'isolation d'une seule monocouche de hBN ou l'existence de divers empilements conduisant à la formation de polytypes de hBN. Les degrés de liberté permis par la structure lamellaire, à savoir la réduction de la dimensionnalité et l'empilement des couches, peuvent influencer les propriétés du hBN par la modification du couplage inter-couches, qui disparaît pour une monocouche de hBN isolée. Il en résulte une diversité de propriétés optoélectroniques qui peuvent être contrôlées via l'épaisseur ainsi que l'empilement des couches de hBN pour des applications spécifiques. Cependant, les monocouches et les polytypes de hBN sont généralement obtenus pour des tailles latérales de 10 à 100 µm. Par conséquent, l'étude de leurs propriétés optiques nécessite une microscopie à luminescence dans l'UV profond résolue spatialement, ce qui représente un véritable défi technique. Ainsi, les propriétés optiques de la monocouche de hBN sont encore mal connues, alors que celles des polytypes de hBN n'ont pas encore été rapportées.Au cours de ma thèse, j'ai développé un microscope hyperspectral à photoluminescence (PL) fonctionnant dans l'UV profond à des températures cryogéniques (4K) pour étudier les propriétés optiques des monocouches et polytypes de hBN. Le microscope atteint une résolution spatiale de 250 nm dans l'UV profond, ce qui m'a permis d'étudier des systèmes sub-micrométriques tels que des monocouches ou des polytypes de hBN. D'une part, ce microscope m'a permis d'étudier les propriétés optiques des monocouches de hBN exfoliées et épitaxiées à l'échelle microscopique dans l'UV profond. Mes résultats ont mis en évidence la coexistence de signaux PL et Raman de second ordre à 6.1 eV induits par l'excitation quasi-résonante dans les monocouches de hBN. Cela me conduit à une description complète et universelle du spectre d'émission à 6.1 eV, ce qui permet de mieux comprendre la nature longuement débattue de la bande interdite optique du hBN monocouche. D'autre part, j'ai utilisé le microscope pour isoler pour la première fois un polytype de hBN correspondant au nitrure de bore bernal (AB-hBN), ce qui m'a permis d'effectuer une étude approfondie de ses propriétés optiques. J'ai ainsi pu élucider l'impact de l'empilement sur les propriétés optiques du hBN, conduisant à l'émergence de propriétés exotiques dans le AB-hBN, telles que l'observation simultanée d'une émission directe et indirecte au niveau de la bande interdite. Cela m'a notamment permis de démontrer expérimentalement pour la première fois l'impact du couplage lumière-matière sur le déphasage des phonons à l'origine de l'élargissement thermique. En outre, en étudiant l'impact de l'empilement sur le spectre d'émission correspondant au "défaut 4.1 eV" du hBN, j'ai pu conclure sur la nature microscopique de ce défaut. Mes résultats ouvrent la voie à une meilleure compréhension de l'effet des modifications de la structure lamellaire sur les propriétés optiques du hBN.