Thèse soutenue

Histoire des paléo-îles du lac proglaciaire Ojibway

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Auteur / Autrice : Marianne Vogel
Direction : Ahmed Adam AliHugo AsselinSébastien JoanninYves Bergeron
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Paléobiologie
Date : Soutenance le 30/10/2023
Etablissement(s) : Université de Montpellier (2022-....) en cotutelle avec Université du Québec à Abitibi-Témiscamingue
Ecole(s) doctorale(s) : Biodiversité, Agriculture, Alimentation, Environnement, Terre, Eau
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des sciences de l'évolution (Montpellier)
Jury : Président / Présidente : Guillaume De Lafontaine
Rapporteurs / Rapporteuses : Emilie Gauthier, Brigitte Talon

Résumé

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Après le retrait du glacier de l’Amérique du Nord au début de l’Holocène (il y a environ 11 700 ans avant aujourd’hui), la colonisation végétale s’est effectuée plus rapidement que prévu comparé aux taux de migration estimés à partir des capacités de dispersion actuelles moyennes de plusieurs arbres. Ce décalage entre migration observée et migration estimée (paradoxe de Reid) a été observé à l’ouest du Québec où les hypothèses classiques pour le résoudre ne peuvent être appliquées. En effet, aucun type de refuge proglaciaire n’a été mis en évidence et la présence du grand lac proglaciaire Ojibway de 10 570 et 8200 ans avant aujourd’hui (cal. BP) a empêché toute colonisation végétale et événement de dispersion de longue distance. Pourtant, l’afforestation des plaines inondées a été quasiment directe après le drainage du lac proglaciaire Ojibway. Dans cette thèse de doctorat, les anciennes îles du lac proglaciaire Ojibway (les paléo-îles) ont été étudiées afin de déterminer si elles ont pu jouer le rôle d’avant-postes de colonisation et ainsi accélérer le processus de colonisation végétale. L’analyse des sédiments lacustres de deux paléo-îles de la région de l’Abitibi confirme l’établissement des premiers arbres sur les paléo-îles vers 9500 et 9850 ans cal. BP avant le début du drainage du lac proglaciaire Ojibway. Une analyse multiparamétrique (pollen, macro-restes et ADNseda) des sédiments montre l’établissement progressif de la végétation sur les paléo-îles avec une succession de phase toundrique non-arborée, afforestation et diversification avant l’établissement de la forêt boréale vers 8200 cal. BP. Malgré des phases de succession commune, la végétation diffère les deux sites, sûrement en réponse aux conditions édaphiques et dynamiques de feux différentes. La dynamique de la végétation est liée aux variations de climat. Pour finir, la comparaison de différents scénarios de colonisation et leurs taux de migration associés, confirme que les paléo-îles ont bien joué un rôle d’avant-postes de colonisation. Elles ont pu faciliter et accélérer la colonisation postglaciaire et permettent donc de résoudre le paradoxe de Reid dans l’ouest du Québec. Selon l’étude des distances et surfaces des paléo-îles, il semblerait que leur colonisation suive la théorie de la biogéographie insulaire. Cette thèse contribue à l’avancement des connaissances des mécanismes de colonisation postglaciaire et discute également du rôle des paléo-îles dans les paysages actuels et futurs et des perspectives d’étude possibles.