Thèse soutenue

8 000 ans d’histoire bioarchéologique de trois espèces domestiques : mouton, chèvre et porc, dans le Nord-Ouest du bassin méditerranéen

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Auteur / Autrice : Marine Jeanjean
Direction : Allowen Evin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Paléobiologie
Date : Soutenance le 26/09/2023
Etablissement(s) : Université de Montpellier (2022-....)
Ecole(s) doctorale(s) : École Doctorale GAIA Biodiversité, agriculture, alimentation, environnement, terre, eau (Montpellier ; 2015-...)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des sciences de l'évolution (Montpellier)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Jean-Frédéric Terral, Carly Ameen, Sébastien Lepetz
Rapporteurs / Rapporteuses : Marjan Mashkour, Daniel Gerard Bradley

Résumé

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Le mouton, le porc et la chèvre ont été domestiqués il y a environ 11 500 ans au Proche-Orient, transformant les écosystèmes mondiaux et les modes de vie de nombreuses sociétés humaines. Suite à leur introduction dans le Nord-Ouest de la Méditerranée il y a environ 8 000 ans, les premières espèces animales domestiquées ont évolué pour aboutir à la diversité des races que nous connaissons actuellement. De nombreuses études ont déjà analysé l’évolution de ces taxons pour une période donnée, souvent de manière locale, qui ont été intégrées à cette étude inédite sur le long terme. En se basant sur des outils de morphométrie, l’objectif de cette thèse est d’étudier l’histoire bioarchéologique du mouton, de la chèvre et du cochon au cours des 8 000 dernières années dans Nord-Ouest du bassin méditerranéen.La morphométrie géométrique des 3èmes molaires inférieures, considérées comme des marqueurs de variation phénotypique, a été utilisée sur 3742 spécimens (2123 moutons, 935 chèvres et 684 porcins) provenant de près de 180 sites archéologiques et référentiels actuels. Le protocole de morphométrie géométrique mis en place dans le cadre de cette thèse a permis de distinguer clairement les moutons des chèvres, validés par une approche moléculaire (ZooMS). Des analyses basées sur les Log Shape Ratio ont également permis d’étudier la distinction chèvres/moutons en utilisant des éléments postcrâniens actuels.Les résultats diachroniques obtenus révèlent des variations morphologiques importantes, reflétant l’impact des contextes humains et environnementaux contrastés au cours du temps et pour chaque taxon. Alors que les porcins et les chèvres n'ont pas montré de modifications de taille dentaire jusqu'à l'Antiquité, celle des moutons a diminué entre la fin du Néolithique et la fin de l'Âge du Bronze, probablement en raison de changements environnementaux et de modification pratiques agropastorales (sélection de l’âge de reproduction ou modification du ratio femelle/mâle). Les différences de tendances entre caprinés pourraient être attribuées dès le Néolithique à des sélections orientées vers différents objectifs de production. Parallèlement, une structuration géographique importante entre la Catalogne et le Languedoc, notamment pour les moutons, a été mise en évidence à partir du Néolithique, s'intensifiant entre l'Âge du Fer et l'Antiquité, suggérant des caractéristiques d'élevage propres à chaque région. Entre l'Âge du Fer et l'Antiquité, une augmentation de taille a été observée pour les trois taxons, probablement due à des échanges, des sélections et/ou des modifications socio-économiques liées à l'Empire romain.Pour les variations morphologiques entre le Moyen Âge et l’époque actuelle, les porcins archéologiques présentent une proximité morphologique plus grande avec les sangliers qu'avec les porcs actuels, probablement en raison des processus de sélection et d'amélioration des races porcines impliquant l'hybridation avec des porcs asiatiques aux XIXe et XXe siècles. En revanche, les caprinés présentent une proximité morphologique plus importante avec leur référentiel actuel, suggérant l'émergence de races basée principalement un mélange de morphotypes locaux.En plus de fournir de nouvelles connaissances sur l'évolution morphologique de ces trois taxons sur le temps long, cette recherche propose également de nouvelles approches méthodologiques pour mieux comprendre les influences multifactorielles qui ont modifiées les espèces domestiques et les pratiques agro-pastorales au fil du temps, depuis 8 000 ans.