L’ADN environnemental pour décrire les patrons de diversité des poissons à large échelle et informer la conservation
Auteur / Autrice : | Laëtitia Mathon |
Direction : | Stéphanie Manel |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Ecologie et biodiversité |
Date : | Soutenance le 26/01/2023 |
Etablissement(s) : | Université de Montpellier (2022-....) |
Ecole(s) doctorale(s) : | Biodiversité, Agriculture, Alimentation, Environnement, Terre, Eau |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive (Montpellier) |
Jury : | Président / Présidente : Daniel Barthélémy |
Examinateurs / Examinatrices : Lucie Zinger, Anik Brind'Amour, David Mouillot, Laurent Vigliola | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Maud Mouchet, Simon Blanchet |
Mots clés
Résumé
L’accélération des changements globaux et les impacts humains menacent la survie des communautés de poissons à l’échelle mondiale. Or ces communautés sont indispensables au bon fonctionnement des écosystèmes marins et aux populations dépendantes de la pêche. Seul un suivi efficace et rapide des communautés de poissons à petite et grande échelle pour comprendre leurs distributions, les règles d’assemblage et les impacts des pressions humaines et environnementales peut permettre d’implémenter des mesures de conservation optimales. L’ADN environnemental (ADNe) est une méthode récente, dont l’efficacité a été démontrée à échelle locale et régionale pour étudier les communautés de poissons côtiers. Cette méthode permet de pallier certains biais induits par les méthodes de suivi conventionnelles (pêche, plongée, caméras). Le but de cette thèse est d’utiliser l’ADNe pour étudier les distributions des poissons à diverses échelles spatiales, en réponse à des facteurs environnementaux, géographiques et socio-économiques, puis de nourrir les approches de planification de conservation. J’ai d’abord comparé les outils bio-informatiques fréquemment utilisés pour l’analyse des données d’ADNe, identifié les meilleurs programmes et pipelines et construit un pipeline optimal pour identifier les espèces contenues dans un échantillon, dans le cas d’une base de référence complète. Cependant, à large échelle, les bases de références sont largement incomplètes pour le gène mitochondrial 12S que nous utilisons et ne permettent donc pas l’assignation taxonomique de tous les fragments d’ADNe. Les autres études de cette thèse reposent ainsi sur une méthode de regroupement des séquences en unités taxonomiques moléculaires (MOTUs). À partir d’un jeu de données échantillonné à large échelle dans trois océans (Indien, Pacifique, Atlantique), j’ai comparé les estimations de diversité de poissons de récifs coralliens obtenues avec l’ADNe et avec des données de recensements visuels en plongée, à l’échelle de plusieurs biorégions. J’ai démontré que l’ADNe estimait une plus grande diversité de familles et de MOTUs que les plongées, tout en retrouvant les grands patrons de distributions connus (gradient longitudinal, isolation de la faune des Caraïbes). Puis, à l’échelle globale, j’ai étudié l’influence de facteurs environnementaux, géographiques et socio-économiques sur plusieurs indices de diversité alpha et bêta, à partir de plus de 500 échantillons d’ADNe prélevés dans 11 régions du monde. Les résultats montrent un effet dominant de l’environnement (température et productivité) sur la diversité alpha et bêta, mais aussi une diminution de ces diversités dans les zones proches des populations humaines et notamment dans les pays dépendant des ressources marines. Enfin, à une échelle régionale en Nouvelle Calédonie, en combinant l’ADNe avec des méthodes plus conventionnelles (caméras appâtées et échosondeur acoustique), j’ai estimé et modélisé plusieurs métriques de diversité des poissons sur les pentes externes et monts sous-marins, jusqu’à 600m de profondeur, que j’ai ensuite intégrées dans une planification de conservation en trois dimensions. Ces résultats indiquent de fortes richesses, abondances et biomasses sur les monts sous-marins peu profonds et isolés, ainsi que sur les pentes externes des îles et atolls éloignés des zones urbanisées, qui sont donc à prioriser dans les plans de conservation. L’ensemble des travaux de cette thèse démontrent l’utilité du metabarcoding de l’ADNe pour étudier la distribution des poissons à fine et large échelles spatiales, étudier l’impact des conditions environnementales et socio-économique sur la diversité et la distribution des communautés de poissons et informer les gestionnaires sur les zones de priorité de conservation.