Thèse soutenue

Disséquer le rôle fonctionnel des neurones de l'hormone de libération de la gonadotrophine dans le traitement olfactif spécifique au sexe

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Auteur / Autrice : Laurine Decoster
Direction : Paolo Giacobini
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neurosciences
Date : Soutenance le 24/11/2023
Etablissement(s) : Université de Lille (2022-....)
Ecole(s) doctorale(s) : École graduée Biologie-Santé (Lille ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Lille Neuroscience et Cognition (Lille) - Lille Neurosciences & Cognition - U 1172
Jury : Président / Présidente : Sakina Mhaouty-Kodja
Examinateurs / Examinatrices : Paolo Giacobini, Ulrich Boehm, Philippe Ciofi, Silva Mauro
Rapporteur / Rapporteuse : Sakina Mhaouty-Kodja, Julie Bakker

Résumé

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Les phéromones influencent la physiologie et les comportements reproductifs chez diverses espèces, y compris l'homme. En effet, chez les rongeurs l'exposition aux phéromones accélère la maturation sexuelle, favorise la synchronisation de l'œstrus chez les femelles et induit une augmentation rapide des niveaux de LH sérique chez les deux sexes. Le rôle des neurones à gonadolibérine (GnRH) contrôlant l'aptitude à la reproduction et la fertilité, est bien établi chez les différents vertébrés. Les neurones à GnRH sont également connus pour intégrer les informations olfactives liées au sexe afin de coordonner et d'optimiser la reproduction par le biais d'un autre réseau impliquant les zones olfactives et limbiques du cerveau. Par ailleurs, une population de neurones à GnRH extra-hypothalamique a été identifiée au sein des bulbes olfactifs, à la fois chez les rongeurs et chez l'homme. Nous avons nommé cette population les neurones à GnRH olfactifs. Nous avons émis l'hypothèse que cette population de neurones à GnRH nouvellement identifiée pourrait transmettre des informations olfactives et/ou phéromonales afin de participer aux réponses neuroendocrines contrôlant la reproduction. En utilisant des traceurs viraux, la transparisation de la tête entière et l'imagerie 3D, nous avons montré que les neurones à GnRH olfactifs possèdent de longues projections atteignant l'organe voméronasal (VNO), l'épithélium olfactif et l'éminence médiane. Nous avons confirmé par séquençage ARN à noyau unique réalisé sur l'ensemble de la population du bulbe olfactif que les neurones à GnRH olfactifs expriment des récepteurs olfactifs et des récepteurs de phéromones, ce qui suggère une possible détection des signaux olfactifs par les neurones à GnRH olfactifs. Nous avons ensuite cherché à savoir si les neurones à GnRH olfactifs pouvaient être activés par des odeurs de sexe opposé. En utilisant l'imagerie calcique in vivo couplée à la microscopie bi-photonique, nous avons confirmé que les stimulations olfactives et phéromonales issues du sexe opposé peuvent activer les corps cellulaires et les prolongements des neurones à GnRH olfactifs. Afin de confirmer que cette activation participe aux réponses neuroendocrines, nous avons testé si les neurones à GnRH olfactifs favorisent la libération de LH. Nos résultats montrent que l'activation chimiogénétique des neurones à GnRH olfactifs déclenche la libération de LH chez les souris mâles et que cette libération de LH est abolie lors de l'inhibition de ces neurones. En utilisant un virus DREADD activateur et des enregistrements électrophysiologiques sur des tranches de cerveau, nous avons démontré que les neurones à GnRH olfactifs sont connectés à la population de neurones à GnRH située dans l'aire pré-optique hypothalamique car l'activation des neurones à GnRH olfactifs déclenche une augmentation de l'activité des neurones à GnRH hypothalamiques. Enfin, la fonction des neurones à GnRH olfactifs a été étudiée par le biais de multiples tests olfactifs et de comportements sociaux en utilisant des approches chimiogénétiques et d'ablation neuronale. De façon remarquable, nos données démontrent que les neurones à GnRH olfactifs sont essentiels au décodage des informations olfactives sociales et plus particulièrement jouent un rôle dans la préférence olfactive. En effet, la préférence des mâles pour les odeurs en provenance du sexe opposé est renforcée par l'activation chimiogénétique des neurones à GnRH olfactifs, et altérée par l'inhibition génétique ou l'ablation de ces cellules. Nos résultats suggèrent également que les neurones à GnRH olfactifs facilitent les comportements de reproduction en acheminant des informations olfactives au sein de la partie postéro-dorsale de l'amygdale médiale et de l'aire pré-optique. Dans l'ensemble, notre étude met en évidence un rôle nouveau pour les neurones à GnRH olfactifs en tant que régulateurs centraux reliant la stimulation olfactive aux fonctions reproductives.