Thèse soutenue

L'Imaginaire romanesque et fantasmatique dans l'oeuvre d'Annie Ernaux

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Auteur / Autrice : François Dussart
Direction : Florence de Chalonge
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langue et littérature françaises
Date : Soutenance le 14/12/2023
Etablissement(s) : Université de Lille (2022-....)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'homme et de la société (Lille ; 2006-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Analyses littéraires et histoire de la langue (Villeneuve d'Ascq, Nord)
Jury : Président / Présidente : Bruno Blanckeman
Examinateurs / Examinatrices : Aurélie Adler, Elise Hugueny-Léger, Béatrice Bloch
Rapporteurs / Rapporteuses : Bruno Blanckeman, Maxime Decout

Résumé

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Le projet d'écriture d'Annie Ernaux, tout à la fois littéraire et « au-dessous » de la littérature, vise à saisir à la fois la part irréductible de l'expérience intime et son universalité socio-historique. La recherche d'universalisation aboutit cependant, sinon à une aporie, du moins à une résistance et à la nécessité d'écrire des images affectives, sans leur donner de sens. Cette étude entend montrer, en associant poétique, stylistique et psychanalyse, comment l'élaboration d'un imaginaire romanesque et fantasmatique, paradoxal et remarquable dans une écriture marquée par la concision et la rétention, ouvre l'auto-analyse sociologique sur une autre scène, où résonnent les échos d'un moi enfantin dédoublé, et où plane l'ombre blanche du lien mère/fille dans ce qu'il recèle d'ambivalence et de mystère. C'est dans une rêverie ophélienne que se poursuit la quête d'une féminité fuyante ou inaccessible, toujours sur le fil d'une écriture tendue entre volonté de contrôle du sens et abandon à la sensation, entre prosaïsme radical et transe visionnaire hantée par la peur de la folie, sous l'égide de Charlotte Brontë et de Jean Rhys, de Margaret Mitchell et de Virginia Woolf. Bien que le roman soit récusé, jugé inapte à saisir la vérité sociale, familiale et passionnelle que l'écrivaine recherche, un romanesque est donc bien présent, qu'il faut entendre en s'inspirant de Roland Barthes et de Northrop Frye. De même que les romans sentimentaux de l'adolescence, ou la lecture et l'écriture des faits divers horrifiques, la religion, catholique et maternelle, apparaît comme un vecteur d'hallucinations, et plus largement comme le noyau archaïque et infantile de la création. Dès lors apparaît la possibilité d'une transsubstantiation transpersonnelle de l'expérience, transformant l'écriture en rédemption.