whiskey irlandais et identité culturelle : de la construction à la marchandisation d'un signifiant de l'irlandicité
Auteur / Autrice : | Sylvain Tondeur |
Direction : | Catherine Maignant, Eamon Maher |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Langues et littératures anglaises et anglo-saxonnes |
Date : | Soutenance le 11/12/2023 |
Etablissement(s) : | Université de Lille (2022-....) en cotutelle avec Technological University Dublin |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de l'homme et de la société (Lille ; 2006-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre d'études en civilisations, langues et littératures étrangères (Villeneuve-d'Ascq, Nord) |
Jury : | Président / Présidente : Fabrice Mourlon |
Examinateurs / Examinatrices : Fiona Mc Cann, Brian J. Murphy | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Fabrice Mourlon, Elaine Mahon |
Mots clés
Résumé
Durant la seconde moitié du 19ème siècle, le whiskey irlandais était la première catégorie de whiskey dans le monde en termes de ventes. La convergence d'une série d'événements (à la fois nationaux et internationaux) a cependant entraîné la chute vertigineuse de cette industrie pourtant si prospère. En 1975, soit une centaine d'années après « l'âge d'or » d'une industrie qui comptait plusieurs dizaines de distilleries à travers tout le pays, l'Irlande ne disposait plus que de deux sites de production, et les ventes étaient au plus bas. L'industrie du whiskey en Irlande était sur le point de disparaître. Pourtant, entre la fin des années 1980 et les années 2010, le whiskey irlandais a fait un retour retentissant. Suite à l'acquisition des dernières distilleries irlandaises par le groupe français Pernod Ricard en 1988, cette industrie a connu ce que de nombreux observateurs ont appelé une « renaissance ». Entre 1988 et 2009, les ventes ont été multipliées par six, faisant du whiskey irlandais le spiritueux au plus fort taux de croissance au monde pendant près de 20 ans. Dans le sillon des groupes multinationaux, des compagnies nationales ont créé de nouvelles marques et fait construire de nouvelles distilleries. Au début des années 2020, l'Irlande comptait désormais plus d'une trentaine de distilleries en activité. Ce qui pourrait apparaître comme un simple phénomène commercial et économique, voire comme un phénomène de mode, pourrait, en réalité, avoir des implications et conséquences socio-culturelles bien plus profondes. En effet, l'une des stratégies de l'industrie du whiskey en Irlande semble être d'inscrire le spiritueux dans l'identité culturelle du pays, soit d'en faire un signifiant de l'irlandicité, à l'instar de ce qu'est parvenue à faire la marque Guinness, indissociable de son pays d'origine. Si cette stratégie représente sans doute une étape supplémentaire dans la marchandisation de l'identité culturelle irlandaise, elle pourrait également avoir des conséquences plus positives sur cette dernière. Le succès retentissant de l'industrie du whiskey en Irlande pourrait en effet contribuer à la réinvention de l'identité culturelle du pays dans une période de « crise identitaire », causée par les transformations profondes engendrées par le « Tigre celtique » et par les conséquences de la crise économique de 2008, qui a marqué la fin de ce modèle.