L'impact du Canal Seine Nord Europe sur le développement régional
Auteur / Autrice : | Clément Lesniak |
Direction : | Corinne Blanquart, Faridah Djellal |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences économiques |
Date : | Soutenance le 06/01/2023 |
Etablissement(s) : | Université de Lille (2022-....) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences économiques, sociales, de l'aménagement et du management (Lille ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire Systèmes Productifs, Logistique, Organisation des Transports, et Travail - Centre lillois d'études et de recherches sociologiques et économiques (Clersé) |
Établissement public expérimental : Université Gustave Eiffel (2020-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Sophie Masson |
Examinateurs / Examinatrices : Guy Joignaux, Sylvie Benoit | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Sophie Masson, Thomas Zéroual |
Mots clés
Résumé
L'un des mythes les plus tenaces en économie des transports est sans conteste le rôle structurant des infrastructures. En effet, il a longtemps été admis que le transport exerçait un effet positif automatique sur la croissance et le développement économique régional et local. Cette causalité directe a progressivement été remise en cause (Bazin, Beckerich, Delaplace & Masson, 2006 ; Blanquart, Delaplace, 2009 ; Bonnafous & Plassard, 1974 ; Offner, 1993 ; Plassard, 1977, 2003 ; Vickerman, 1991), pour céder la place à une causalité indirecte ou à une causalité conditionnée : l'arrivée d'une nouvelle infrastructure de transport aurait un effet positif sur la croissance et le développement économique régional et local si des politiques d'accompagnement sont mises en œuvre, et cela quels que soient la structure et les caractéristiques du territoire concerné (Blanquart, Delaplace, Poinsot, 2013). En effet, si la systématicité des effets structurants est critiquée, en raison de l'oubli des caractéristiques socioéconomiques du territoire que cette systématicité traduit, pour autant les stratégies d'accompagnement semblent jouer un rôle important (Ollivro, 1997), illustrant la nécessité de soutenir l'appropriation par les acteurs des services directs de logistique et de transport offerts par les infrastructures (Blanquart et Delaplace, 2009). Les effets attendus de l'infrastructure deviennent alors conditionnels, mais les conditions de leur apparition demeurent peu explicitées. La nature et les objectifs de ces politiques d'accompagnement restent par ailleurs indéfinis.Ces débats sont plus que jamais d'actualité en France, avec notamment la construction envisagée du Canal Seine Nord Europe, qui a fait l'objet d'une déclaration d'utilité publique autorisant le démarrage des travaux. C'est un investissement lourd, estimé à plus de quatre milliards d'euros selon les options techniques retenues. L'ampleur des investissements en infrastructures, et leur haut degré d'irréversibilité, justifient, s'il en était besoin, d'éclairer la question de leur contribution au développement des territoires qu'ils desservent. Équipement structurant toute une région, au sein d'un réseau fluvial européen à grand gabarit, il est attendu que le canal Seine-Nord Europe ait des effets économiques à court, moyen et long termes.Mais sans une représentation théorique du lien infrastructure-développement, il est impossible de différencier les effets bruts des effets nets, c'est-à-dire d'isoler les effets d'une infrastructure particulière parmi l'ensemble de tous les autres facteurs susceptibles de participer au développement socio-économique d'une région, et notamment les stratégies d'accompagnement (Blanquart, Delaplace, Poinsot, 2013). Si des travaux ont montré que le rôle et l'importance de l'infrastructure de transport dans le développement sont conditionnés par la représentation théorique du développement qui est retenue, les limites méthodologiques des approches jusqu'alors en vigueur invitent à trouver d'autres référentiels d'analyse. Or, depuis ces 20 dernières années on assiste à un renouvellement des théories de la croissance et du développement économique régional et local : théorie de la croissance endogène, reformulation de la théorie de la base, réflexions autour des dynamiques de proximités ou encore nouvelle économie géographique.La thèse propose de renouveler le lien infrastructure de transport - développement en mobilisant un nouveau cadre d'analyse issue de la théorie des capabilités. Les résultats obtenus montrent une différence dans les capabilités des entreprises à utiliser le transport fluvial, et in fine le Canal Seine Nord Europe. Ainsi, l'appropriation de l'infrastructure par les entreprises sera différente, au même titre que les politiques d'accompagnement qui seront mises en place pour provoquer un report modal du routier vers le fluvial.