Économie et économie politique des ressources naturelles dans les pays en développement : Essais sur le secteur privé, les politiques environnementales et la déforestation

Economics and Political Economy of Natural Resources in Developing Countries : Essays on the Private Sector, Environmental Policies and Deforestation

• Auteur / Autrice : Mahamady Ouedraogo
• Direction : Bertrand Laporte, Théophile Azomahou
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Sciences Economiques
• Date : Soutenance le 21/11/2023
• Etablissement(s) : Université Clermont Auvergne (2021-...)
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale des sciences économiques, juridiques, politiques et de gestion (Clermont-Ferrand)
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'études et de recherches sur le développement international (Clermont-Ferrand)
• Jury : Président / Présidente : Jean-Louis Combes
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Bernadette Dia Kamgnia
• Jury : Rapporteur / Rapporteuse : Alban Alphonse Emmanuel Ahouré, Phu Nguyen Van

Mots clés

Mots clés contrôlés

Pays en voie de développement

Politique de l'environnement

Coût-efficacité

Secteur privé

Déboisement

Afrique

Ressources naturelles

Politique économique -- Pays en voie de développement

Mots clés libres

Economie politique

Ressources Naturelles

Afrique

Déforestation

Environnement

Politique economy

Natural resources

Africa

Deforestation

Environment

Résumé

Les ressources naturelles portent à la fois l’espoir et le désespoir d’un développement basé sur celles-ci. Certains pays comme le Botswana se sont basés sur ces ressources pour bâtir leur prospérité économique ces cinquante dernières années alors que d’autres comme le Venezuela ou la Sierra Leone ont stagné ou même basculé dans des cycles de violence après la découverte de ces ressources. Ce paradoxe appelé malédiction des ressources naturelles a fait l’objet d’importante recherche en économie du développement. Cependant, l’impact des ressources naturelles sur le secteur privé a fait l’objet de peu d’intérêt dans la mesure où la rente tirée de ces ressources reviennent en grande partie à l’Etat. Pourtant, les effets adverses de la découverte des ressources naturelles comme le syndrome hollandais, la corruption et le comportement de captation de la rente affectent directement le secteur privé, moteur de la croissance. Par ailleurs, le contexte de changement climatique pousse les pays à adopter des politiques de transition énergétique. Ces politiques accroissent la demande des ressources minérales essentielles à la production d’énergie verte. Piégés entre attrait des investisseurs et protection de l’environnement, les pays en développement se font la concurrence. Tout comme le changement climatique pour lequel les pays africains souffriront des conséquences malgré une contribution insignifiante aux émissions mondiales, la transition énergétique pourrait se faire au prix d’un désastre environnemental si la régulation fait défaut. Cette thèse, dédiée à cette problématique, s’intéresse dans une première partie au secteur privé et dans une deuxième partie à l’environnement et aux politiques environnementales.Le chapitre 1 analyse l’effet de la dépendance aux ressources naturelles sur la productivité des entreprises manufacturières. Il montre que la dépendance aux ressources naturelles a un effet négatif sur la productivité des entreprises. Le mécanisme passe par la volatilité du taux de change effectif réel et la corruption. Les pays dépendants des ressources naturelles devraient : (i) envisager des réformes qui créent des liens en amont et en aval entre les entreprises domestiques et le secteur extractif; (ii) combattre la corruption ; et (iii) mettre limiter les effets des chocs sur le taux de change effectif réel.Le chapitre 2 étudie la relation entre les ressources extractives et le capital public dans les pays en développement. Les résultats montrent que les ressources extractives exercent un effet positif sur le capital public en partenariat public-privé tandis que leur effet sur le capital public de “pleine fourniture publique” est négatif. Ces résultats mettent en lumière le fait qu’un comportement de recherche de rente peut motiver les dépenses d’investissement public dans les pays riches en ressources.Le chapitre 3 emprunte la littérature sur la concurrence fiscale et la régulation. Il examine si les pays africains dépendant des ressources minières sont engagés dans une interaction stratégique dans leur engagement environnementaux en utilisant deux mesures : une politique de jure et une politique de facto. Nos résultats confirment que les pays adoptent un comportement stratégique en réponse à la politique environnementale de leurs voisins. Ce comportement stratégique conduit à une augmentation de la régulation environnementale de jure (race to the top) et à une baisse de la régulation de facto (race to the bottom).Le chapitre 4 étudie le lien entre l’exploitation minière et la déforestation en Afrique en utilisant un cadre d’économétrie spatiale. Les résultats suggèrent que l’exploitation minière augmente la déforestation tandis que la politique environnementale contribue à réduire la déforestation. Une augmentation de la rente minière d’un point de pourcentage du PIB entraîne une perte de forêt d’environ 50 km². En outre, la communauté économique régionale a des effets hétérogènes sur la déforestation.

Natural resources bring both the hope and despair of resource-based development. Some countries, such as Botswana, have relied on these resources to build their economic prosperity over the last fifty years, while others, such as Venezuela and Sierra Leone, have stagnated or even fallen into cycles of violence following the discovery of the resources. This puzzle labeled the “resource curse” has been extensively studied in development economics. However, little attention has been paid to the impact of natural resources on the private sector, insofar as most of the rent from these resources accrues to the government. Yet, the adverse effects of the natural resource discovery, such as Dutch disease, rampant corruption and rent-seeking behavior directly affect the private sector, the engine of growth. In addition, the context of climate change is pushing countries to adopt energy transition policies, which are increasing demand for the mineral resources, essential for green energy production. Caught in the trap between attracting investors and protecting the environment, developing countries are competing for investment in their mining sector. Like climate change, to which African countries will suffer the consequences despite an insignificant contribution to global emissions, the energy transition could come at the cost of an environmental disaster if regulation is lacking in mineral-rich countries. This thesis, dedicated to this issue, focuses firstly on the private sector and secondly on environmental policies and deforestation.Chapter 1 analyzes the effect of natural resources’ dependence on manufacturing firms’ productivity. Using data from the World Bank’s Enterprise Survey, it shows that dependence on natural resources is detrimental to firms’ productivity. The mechanism operates through real effective exchange rate volatility and corruption. Resource-dependent countries should: consider reforms that: (i) create backward and forward linkages between domestic companies and the extractive sector, in order to limit enclave economies; (ii) combat corruption; and (iii) implement macroeconomic policies that limit shocks on the real effective exchange rate.Chapter 2 examines the relationship between extractive resources and public capital in developing countries. We use the IMF’s new public capital database, which distinguishes between “full public provision” capital and public-private partnership capital, to assess the effect of extractive resources. The results show that extractive resources exert a positive effect on public capital in public-private partnership, while their effect on public capital in “full public provision” is negative. These results highlight the fact that rent-seeking behavior (political or economic) can motivate public investment spending in resource-rich countries.Chapter 3 borrows from the literature on inter-states fiscal competition and regulation. It examines whether mining-dependent African countries engage in strategic interaction in their environmental commitment using two measures: a de jure environmental policy and a de facto environmental policy. Our results confirm that countries behave strategically in response to their neighbors’ environmental policies. We show that this strategic behavior leads to an increase in regulation (race to the top) for de jure environmental policy and a decrease in regulation (race to the bottom) for de facto environmental policy.Chapter 4 investigates the link between mining and deforestation in Africa using a spatial econometric framework. The results suggest that mining increases deforestation, while environmental policy helps to reduce deforestation in mineral-rich countries. An increase in mining rents of one percentage point of GDP results in a forest loss of around 50 km2. Furthermore, regional economic communities have heterogeneous effects on deforestation.