Les récepteurs delta-opioïdes : une nouvelle cible potentielle dans le traitement de la migraine
Auteur / Autrice : | Manon Dussol |
Direction : | Radhouane Dallel, Philippe Luccarini |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Neurosciences |
Date : | Soutenance le 22/12/2023 |
Etablissement(s) : | Université Clermont Auvergne (2021-...) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale des sciences de la vie, santé, agronomie, environnement (Clermont-Ferrand) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Neuro-Dol (Clermont-Ferrand) |
Jury : | Président / Présidente : Claire Gavériaux-Ruff |
Rapporteur / Rapporteuse : Claire Gavériaux-Ruff, Sophie Pezet, Daniel Voisin |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Objectif : La migraine est un trouble hautement invalidant, pour lequel les traitements disponibles manquent d'efficacité chez de nombreux patients, soulignant ainsi la nécessité de nouveaux traitements. Le récepteur opioïde delta (DOR) est devenu une cible thérapeutique prometteuse pour la migraine. Chez la souris, les agonistes du DOR inhibent l'allodynie associée à la migraine. Cependant, des différences d'espèces (rat vs souris), régionales (trijumeau vs spinal) et de mécanisme (périphérique vs central) existent dans la contribution du DOR dans la régulation des céphalées de type migraine. Par conséquent, cette étude étudie la distribution du DOR dans le ganglion trigéminal (TG) et les mécanismes du potentiel antimigraineux d'un agoniste du DOR, SNC80, en utilisant un nouveau modèle de migraine chez le rat des deux sexes.Méthodes : En utilisant le RNAscope (hybridation in situ), l'électrophysiologie in vivo et l'analyse comportementale chez des rats des deux sexes, nous avons évalué i) la distribution du DOR dans le TG de rats en condition physiologique ii) l'effet du SNC80 sur les réponses de neurones WDR du sous noyau caudal (TNC) à des stimuli mécaniques non-nociceptifs/nociceptifs ainsi qu'à des stimuli électriques nociceptifs chez le rat en condition physiologique, et iii) la distribution du DOR dans le TG, l'effet antimigraineux du SNC80 et de ses sites d'actions dans un modèle de migraine chez le rat utilisant l'hypersensibilité mécanique (HM) cutanée comme substitut de la douleur associée à la migraine.Résultats : Nous montrons que le DOR est principalement exprimé par des neurones myélinisés de grand diamètre du TG, ainsi que par une sous-population de neurones peptidergiques exprimant CGRP, mais très rarement par des neurones non peptidergiques non myélinisés se liant à l'IB4. Conformément à la distribution du DOR dans le TG, le SNC80, régule les réponses mécaniques évoquées à la fois non-nociceptives et nociceptives des neurones WDR du TNC ainsi que la douleur mécanique céphalique aiguë chez les rats naïfs. Cependant, l'effet antinociceptif du SNC80 varie en fonction de la voie d'administration, étant efficace par voie intracisternale ou intraveineuse, mais pas par voie sous-cutanée. Il n'y a pas de différence entre les sexes ni dans la distribution du DOR ni dans la régulation de la sensibilité mécanique aiguë céphalique par le SNC80 chez les rats naïfs, ni dans l'HM céphalique aiguë induite par une administration aiguë d'ISDN. Néanmoins, l'ISDN chronique a augmenté l'expression de l'ARNm de DOR chez les rats femelles, mais pas mâles, et cette surexpression était principalement limitée aux neurones de plus grand diamètre du TG. En accord avec ces résultats, le SNC80 diminue l'HM céphalique inter-ictale chronique (basale) établie après des administrations répétées d'ISDN ainsi que l'HM céphalique ictale chronique dans les deux sexes, étant plus puissant chez les rats femelles que les rats mâles. Le traitement par SNC80 a entraîné une diminution de l'expression de c-Fos évoquée par le toucher dans le TNC, renforçant l'hypothèse selon laquelle le SNC80 peut empêcher le développement d'une sensibilisation centrale chronique au sein du TNC. Enfin, l'administration intracisternale et systémique de SNC80 peut inhiber l'HM céphalique ictale aiguë induite par l'ISDN. L'effet anti-allodynique de l'administration systémique a été partiellement inversé par la naloxone-méthiodide, ce qui suggère que les DOR périphériques et centraux régulent les céphalées de type migraine chez le rat.Conclusion : La présente étude a démontré que l'activation des DOR présente un potentiel antimigraineux chez les rats des deux sexes, étant plus puissant chez les femelles que chez les mâles. Les données renforcent la pertinence des agonistes du DOR pour traiter la migraine, une douleur à forte prévalence chez les femmes. Les agonistes du DOR produisent des effets antimigraineux via les DOR périphériques et centraux.