La mise en scène de la bêtise et de l’idiotie dans l'oeuvre romanesque d'Albert Cohen
Auteur / Autrice : | Julie Lemaire |
Direction : | Catherine Milkovitch-Rioux, Sylviane Coyault |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Langue et littérature françaises |
Date : | Soutenance le 01/12/2023 |
Etablissement(s) : | Université Clermont Auvergne (2021-...) |
Ecole(s) doctorale(s) : | Lettres, Langues, Sciences humaines et Sociales |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de Recherches sur les Littératures et la Sociopoétique (Clermont-Ferrand, Puy-de-Dôme, France) |
Jury : | Président / Présidente : Alain Romestaing |
Examinateurs / Examinatrices : Guy Larroux | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Carole Auroy, Alain Schaffner |
Mots clés
Résumé
Cette thèse entend s’intéresser à la bêtise dans l’œuvre romanesque d’Albert Cohen où ses différentes manifestations (bureaucratiques, mondaines ou amoureuses) sont l’objet d’une mise en scène paradoxale, entre répulsion (pour la sottise toute prudhommesque des Deume) et fascination (pour la sainte naïveté des Valeureux). En puisant à des observations qui sont celles de la sociologie mais aussi de la psychologie des foules nous montrerons qu’elles sont toutefois moins le fait des individus que du groupe. Plus encore, elles peuvent être considérées comme le fait du langage, ici contaminé par la doxa des années trente (tour à tour fasciste, nationaliste et surtout foncièrement antisémite). Pour examiner les différentes formes prises par le parler bête (lieux communs, clichés, idées reçues), nous userons d’outils qui sont ceux de l’analyse du discours. Mais la mise en scène de la bêtise recouvre également des enjeux plus littéraires. Au-delà des aspects carnavalesques déjà mis en évidence par la critique cohénienne, elle permet de resituer l’œuvre du romancier dans la lignée d’une satire antibourgeoise qui s’étend de Flaubert à Proust en passant par le vaudeville, mais aussi d’écritures plus ludiques, telles celles pratiquées par les fumistes, les surréalistes ou le cinéma burlesque. Derrière ces différents enjeux apparaissent enfin des questionnements plus métaphysiques. Ils nous permettront d’établir que chez Cohen la bêtise procède peut-être moins d’un manque que d’un excès de raison, qui – paradoxalement – ramène l’homme du côté du babouin et la culture du côté de la nature.