Thèse soutenue

Évaluation des facteurs de virulence associés aux Escherichia coli producteurs de colibactine dans le cancer colorectal.

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Auteur / Autrice : Héloïse Chat
Direction : Julien Delmas
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Microbiologie
Date : Soutenance le 01/12/2023
Etablissement(s) : Université Clermont Auvergne (2021-...)
Ecole(s) doctorale(s) : Sciences de la Vie, Santé, Agronomie, Environnement
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Microbes, Intestin, Inflammation et Susceptibilité de l’Hôte
Jury : Président / Présidente : Frédéric Delbac
Examinateurs / Examinatrices : Benoit Chassaing, Muriel Bonin, Lucie Etienne-Mesmin, Amel Mettouchi
Rapporteurs / Rapporteuses : Benoit Chassaing, Muriel Bonin

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Le cancer colorectal (CCR) est le 2ème cancer le plus mortel, tout sexe confondu. Dans 90 % des cas, les patients développent un CCR spontanément, soulignant l'importance des facteurs environnementaux dans l'étiologie de ce cancer. L'altération de la composition du microbiote est associée dans de nombreuses études au développement du CCR. La muqueuse colique des patients atteints de CCR est anormalement colonisée par des Escherichia coli producteurs de la toxine colibactine (CoPEC). Ce composé, synthétisé par un îlot génomique de pathogénicité pks, a une action génotoxique. Il est capable d'alkyler l'ADN, d'induire des instabilités chromosomiques et des cassures double-brin après infection de cellules humaines en culture ou d'organoïdes mais également dans différents modèles murins. L'augmentation des dommages à l'ADN dans les cellules infectées peut amener à l'apparition de mutations, à l'arrêt du cycle cellulaire et la sénescence des cellules infectées. Néanmoins, la présence des CoPEC n'explique pas, à elle-seule, la pathogénie de la souche. Afin de comprendre l'implication des CoPEC dans le développement du CCR, il s'avère nécessaire d'étudier la synergie entre les différents facteurs de virulence* produits par ces bactéries. Le premier axe de ma thèse porte sur l'impact de l'association entre deux cyclomodulines retrouvées chez les CoPEC : la colibactine et Cnf1 (cytotoxic necrotizing factor 1). Nous avons démontré que le gène cnf1 est associé à la présence de l'îlot pks dans 95 % des E. coli isolés d'une cohorte de patients ayant un CCR. Nos travaux de recherche ont mis en évidence que Cnf1 limite le pouvoir de tumorigenèse des CoPEC et diminue la sénescence et l'inflammation associées à l'infection. Dans un deuxième axe, nous avons montré que les CoPEC possèdent des enzymes mucolytiques et nous avons déterminé leur rôle sur l'effet cancérigène des bactéries. En effet, il a été démontré que les CoPEC doivent être en contact étroit avec les cellules intestinales pour induire des dommages à l'ADN. La bactérie doit donc traverser le mucus protecteur qui recouvre l'épithélium colique pour accéder aux cellules. Le gène codant la mucine-protéase Vat, déjà décrite chez d'autres E. coli pathobiontes, est associé dans 100 % des cas à la présence de l'îlot pks dans les souches de E. coli isolées de patients CCR. Cette mucine-protéase pourrait permettre aux CoPEC de coloniser la couche de mucus intestinal protectrice, d'atteindre les cellules épithéliales coliques et ainsi d'induire leur action génotoxique. Ces travaux de recherches justifient la nécessité de prendre en compte l'ensemble du virulome des E. coli pour mieux comprendre leur pathogénie et ainsi améliorer la prise en charge des patients colonisés par des CoPEC et ayant un CCR.