Thèse soutenue

La succession végétale post-agricole : approche par les services écosystémiques et les perceptions des acteurs dans un territoire entre Chaîne des Puys et plaine de la Limagne

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Auteur / Autrice : Magali Weissgerber
Direction : Anne BonisLaine Chanteloup
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géographie
Date : Soutenance le 05/01/2023
Etablissement(s) : Université Clermont Auvergne (2021-...)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale des lettres, sciences humaines et sociales (Clermont-Ferrand)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de Géographie Physique et Environnementale - Laboratoire de Géographie Physique et Environnementale / GEOLAB
Jury : Président / Présidente : Laurent Rieutort
Examinateurs / Examinatrices : Cécile Barnaud
Rapporteurs / Rapporteuses : Raphaël Mathevet, Johan Oszwald

Résumé

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Les changements d’occupation des sols sont un enjeu sociétal du fait de leurs conséquences sur la biodiversité et les services et disservices écosystémiques (SE et DSE). Un changement majeur en Europe est l’abandon agricole. Des terres sous gestion agricole ne le sont plus et cet arrêt est suivi par une succession végétale entraînant le développement de stades de succession dominés par des espèces herbacées, arbustives et buissonnantes ou arborées. Dans ce travail de thèse, les effets de ce changement sur les SE et DSE ont été étudiés, de même que les perceptions qu’en ont les acteurs et les habitants. Le territoire d’étude considéré est situé au sud de la ville de Clermont-Ferrand entre la Chaîne des Puys et la plaine de Limagne.Les objectifs de cette thèse sont les suivants : (1) renseigner et comprendre les changements d’occupation des sol, l’ampleur de l’abandon des usages agricoles et de l’expansion forestière dans le territoire d’étude, (2) mesurer les variations de la capacité des écosystèmes à fournir des SE suite à l’abandon des usages agricoles le long d’un gradient de succession post-abandon. Cette analyse a été réalisée pour trois SE d’intérêt : la qualité du sol, le stockage du carbone et la limitation de l’érosion, (3) déterminer les SE et DSE rendus par les écosystèmes post-abandon d’après les acteurs du territoire, leur perception de ce changement et de sa gestion.La réalisation d’une cartographie diachronique (1946-2019) montre qu’une végétation s’est développée sur 23% des zones encore sous gestion agricole en 1946. Cette évolution est parallèle à d’importantes variations démographiques : la population avait atteint un niveau bas en 1946 avant d’augmenter. La zone qui était rurale a connu un phénomène d’expansion forestière, de périurbanisation et d’intensification des zones restées agricoles.Les mesures in situ permettant de caractériser le niveau des trois SE d’intérêt indiquent que l’abandon et la succession ont un effet significatif sur le stock de carbone : les vieille forêts (au moins 74 ans) stockent en moyenne 314.19 tC ha-1 soit 4.5 fois plus que le stade initial. L’effet de la succession sur la qualité du sol est moins important : la matière organique et le contenu nutritif augmentent peu. Pour le service de limitation de l’érosion, deux composantes sont renseignées : la sensibilité du sol qui augmente légèrement avec les stades de succession, et la protection apportée au sol par les strates de végétation qui augmente avec un niveau maximal pour les stades de succession intermédiaires.Les perceptions de l’abandon et de la succession ont été étudiées via 29 entretiens avec des acteurs du territoire et un questionnaire en ligne diffusé aux habitants par les communes (279 répondants). Les résultats obtenus montrent que acteurs et habitants ne distinguent pas toujours les différents stades de succession et que selon eux les différents écosystèmes post-abandon rendent des SE aussi bien que des DSE, indiquant que la perception de ces écosystèmes est ambivalente. Ils montrent aussi que les autres changements d’occupation des sols de la zone, l’urbanisation et l’intensification agricole, influencent la perception des acteurs. Les habitants présentent des réponses contrastées quant aux SE et DSE rendus par les différents stades de succession. Les personnes plus jeunes, arrivées récemment, les cadres et les professions intermédiaires sont plus favorables à des écosystèmes où il n’y a aucune gestion humaine. Ce travail montre donc que l’occupation des sols de la zone a considérablement changé, l’abandon agricole et la succession végétale post-agricole modifient la capacité des écosystèmes à fournir certains SE tandis que d’autres sont peu affectés. Le territoire étudié compte une diversité d’acteurs et d’habitants qui voient dans ces changements à la fois des bienfaits et des nuisances et dont la perception dépend de multiple facteurs dont la profession, l’âge et la relation à l’absence de gestion.