Bioprotection des moûts en œnologie par l’espèce Metschnikowia : compréhension des mécanismes impliqués pour l’optimisation de sa mise en œuvre en vinification
Auteur / Autrice : | Maelys Puyo |
Direction : | Raphaëlle Tourdot-Maréchal, Géraldine Klein |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biologie des organismes |
Date : | Soutenance le 14/12/2023 |
Etablissement(s) : | Bourgogne Franche-Comté |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Environnements, Santé (Dijon ; Besançon ; 2012-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Etablissement de préparation : Université de Bourgogne (1970-....) |
Laboratoire : Procédés Alimentaires et Microbiologiques (PAM) (Dijon) | |
Jury : | Président / Présidente : Régis Gougeon |
Examinateurs / Examinatrices : Patricia Taillandier | |
Rapporteur / Rapporteuse : Virginie Galeote, Marina Bély |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Le SO2 est couramment utilisés en œnologie pour son action antioxydante, anti-oxydasique et antimicrobienne. Cependant, leur utilisation est aujourd’hui remise en question par la filière et les consommateurs, qui souhaitent se diriger vers la production et la consommation de produits plus naturels et avec moins d’intrants chimiques. Cela conduit à la recherche d’alternatives pour protéger la qualité organoleptique des moûts et des vins finis. Parmi les alternatives étudiées et proposées pour remplacer les sulfites durant la vinification, la bioprotection est largement investiguée. La bioprotection consiste en l’inoculation précoce sur grappes pendant les vendanges ou sur moût après pressurage, de levures sélectionnées pour leurs propriétés antimicrobiennes. De nombreux essais terrain ont prouvé l’efficacité de cette stratégie.Les travaux de thèses ont eu pour objectif principal d’étudier les interactions mises en place entre la bioprotection et les flores potentielles d’altération au cours des étapes pré-fermentaires, en se focalisant principalement sur la compétition pour les ressources azotées et l’oxygène. Afin de comprendre les mécanismes impliqués dans l’effet bioprotectant, les expériences ont été réalisées en moût synthétique (MS300), milieu contrôlé et reproductible. Trois souches de Metschnikowia (deux souches de M. pulcherrima et une souche de M. fructicola) ont été étudiées en tant qu’agent de bioprotection. Le moût synthétique a été artificiellement contaminé par des levures apiculés du genre Hanseniaspora (une souche de H. uvarum et une souche de H. valbyensis), majoritaires sur moût et potentiellement agents d’altération. Trois concentrations initiales différentes en levures apiculées ont été utilisés afin de mimer plusieurs niveaux de contamination du moût.L’effet de la bioprotection a tout d’abord été étudié avec la souche M. pulcherrima MCR24, sur chacune des deux espèces de Hanseniaspora à 20°C. Puis l’effet des trois souches de Metschnikowia sur la croissance d’un mélange (50/50) des deux espèces de Hanseniaspora a été investigué à 12°C pour se rapprocher des conditions de macération pré-fermentaire à froid.Les mécanismes impliqués dans l’effet bioprotectant ont tout d’abord porté sur l’analyse des cinétiques de croissance de chaque espèce. L’implication de la compétition pour les ressources azotées et l’oxygène a été étudiée par le suivi de la consommation des acides aminés et de l’ammonium (analyse HPLC et enzymatique) et de la consommation en oxygène (analysé avec capteur Nomasens®). Une analyse métabolomique non-ciblée (UHPLC-qTOF-MS/MS) a permis d‘obtenir une image globale des effets sur les métabolismes levuriens lors de l’application de la bioprotection.Les résultats montrent que l’effet bioprotectant et les mécanismes impliqués diffèrent en fonction des souches de Metschnikowia et des températures de croissance utilisées. De plus, les deux espèces de Hanseniaspora montrent des sensibilités différentes à la bioprotection. Ces résultats montrent également l’importance d’adapter les doses de bioprotection utilisées en fonction de la concentration en levures apiculées dans le moût, afin d’optimiser son efficacité.Cependant l’utilisation de la bioprotection seule, en tant que remplacement au SO2, n’assure pas forcément une protection des moûts contre l’oxydation. Dans le but de fournir une protection complète en substitution du SO2, l’étude de l’utilisation combinée de la bioprotection pour ses propriétés antimicrobiennes et de tanins œnologiques pour leurs capacités antioxydantes a été investiguée au cours d’une expérimentation terrain sur vinification en rosé. Bien que nos résultats ne nous permettent pas de conclure quant aux interactions qui ont lieu entre la bioprotection, les tanins, et les composés phénoliques du moût, l’action combinée de tanins œnologique et de la bioprotection semble protéger la couleur des vins d’une façon comparable à l’utilisation combinée de la bioprotection et du SO2.