Thèse soutenue

Nouvelles approches épidémiologiques des infarctus du myocarde de type 2 : vers une prise en charge personnalisée

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Auteur / Autrice : Coffy-Akpolet Yao
Direction : Marianne ZellerAlain Putot
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Médecine, pathologie cardiorespiratoire et vasculaire
Date : Soutenance le 12/12/2023
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Environnements, Santé (Dijon ; Besançon ; 2012-....)
Partenaire(s) de recherche : Etablissement de préparation : Université de Bourgogne (1970-....)
Laboratoire : Laboratoire de Physiopathologie et d'Epidémiologie Cérébro-cardiovasculaires (Dijon)
Jury : Président / Présidente : Franck Boccara
Examinateurs / Examinatrices : Yves Cottin, Jean-Jacques Monsuez
Rapporteur / Rapporteuse : Franck Boccara, Etienne Puymirat

Résumé

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Introduction : l’infarctus du myocarde (IDM) de type 2, qui résulte d’un déséquilibre entre les apports et les besoins en oxygène du myocarde en l’absence d’événement athéro-thrombotique, est une entité mal connue. L’objectif de ce travail était de préciser certains aspects épidémiologiques et diagnostiques de l’IDM de type 2, notamment la place de la maladie coronaire, et d’évaluer la pertinence clinique et pronostique d’une nouvelle classification des IDM proposée par de LemosMéthodes : A partir de la base de données de l’Observatoire des Infarctus de la Côte d’Or (RICO), nous avons analysé les données des patients hospitalisés pour un IDM entre 2012 et 2017, après adjudication des IDM de type 1, de type 2 et des sous types identifiés selon la nouvelle classification distinguant les IDM de type 2 avec (IDM de type 2A) et sans maladie coronaire sous-jacente (IDM de type 2B). Nous avons également réalisé une revue systématique de la littérature sur la maladie coronaire obstructive (MCO) dans l’IDM de type 2 à partir de la base de données PubMed®. Enfin, nous avons travaillé sur le REgistre des InfArctus de CôTe d’IVoire (REACTIV) hospitalisés pour un IDM entre 2018 et 2022 à l’Institut de cardiologie d’Abidjan, afin d’identifier les spécificités des IDM de type 2 dans cette population Sub-Saharienne.Résultats : Parmi les 4573 patients inclus dans l’observatoire RICO sur une période de 5 ans, 3806 (81,1%) patients et 767 (18,9%) présentaient respectivement un IDM de type 1 et un IDM de type 2 après reclassification. Une coronaropathie obstructive était retrouvée chez 68,6 % des patients atteints d’IDM de type 2. L’IDM de type 2A concernait des patients plus âgés (âge médian 78 ans), avec davantage de comorbidités, et il était associée à un plus mauvais pronostic à 1 an, comparativement aux IDM de type 2B et aux IDM de type 1 de nature athéro-thrombotique (type 1A). Nos données retrouvent un surrisque, d’environ 40%, pour la mortalité toutes causes (RR 1,362; IC95% 1,029-1,802) de l’IDM de type 2A par rapport à l’IDM de type 1A. La revue systématique nous a permis de monter une prévalence particulièrement variable de la MCO dans l’IDM de type 2 (entre 30 et 92%), dépendante des définitions, du mode diagnostique de la coronaropathie et de l’origine des populations étudiées. Chez des patients admis aux urgences, un antécédent de MCO était un facteur prédictif indépendant de présenter un IDM de type 2 par rapport à un IDM de type 1, avec une augmentation de cette probabilité de près de 40%. (RR 1,38; IC95% 1,08-1,77). Enfin, parmi les patients inclus dans le programme REACTIV, 62 (14,1%) ont présenté un IDM de type 2. Comparativement aux IDM de type 1, les IDM de type 2 avaient une tendance à être plus jeunes (54 vs 58 ans, p = 0,09), avec une plus faible fréquence de facteurs de risque cardiovasculaires. Les IDM de type 2 présentaient une MCO moins sévère, avec une atteinte tritronculaire moins fréquente (p < 0,001). Dans cette population sub-saharienne, l'embolie coronaire (24,2 %), l'hypertension sévère ± hypertrophie ventriculaire gauche (22,6 %) et la tachyarythmie (16,1 %) constituaient les principaux facteurs déclenchants.Conclusion : Nos travaux soutiennent l’hypothèse que l’IDM de type 2, souvent considérée comme une pathologie gériatrique, semble en réalité présenter une grande hétérogénéité épidémiologique et physiopathologique. De plus, nous suggérons que l’identification de la maladie coronaire, dont la prévalence est élevée, pourrait permettre d’améliorer la caractérisation et la stratification du risque des IDM de type 2 et ainsi guider le développement d’études interventionnelles pour améliorer leur prise en charge.