Thèse soutenue

Oncogénicité du cytomégalovirus humain dans le cancer du sein, le glioblastome et le cancer épithélial de l’ovaire

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Auteur / Autrice : Ranim El Baba
Direction : Georges Herbein
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Médecine, cancérologie, génétique, hématologie, immunologie
Date : Soutenance le 28/11/2023
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Environnements, Santé (Dijon ; Besançon ; 2012-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Agents pathogènes et inflammation (API) (Besançon) - Agents pathogènes et inflammation (API)
Site de préparation : Université de Franche-Comté (1971-2024)
Jury : Président / Présidente : Olivier Adotevi
Examinateurs / Examinatrices : Mona Diab-Assaf
Rapporteurs / Rapporteuses : Carine Van Lint, Christian Schwartz

Résumé

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Le cancer du sein, le glioblastome et le cancer de l'ovaire représentent un problème majeur de santé publique. Les facteurs étiologiques du cancer se répartissent en facteurs de risque génétiques ou environnementaux, parmi ces derniers les virus contribueraient à environ 20% de tous les cas de cancer. Le cytomégalovirus humain (HCMV) est un virus herpès qui infecte une part importante de la population mondiale, avec une prévalence de 40% à 95%. La variabilité génomique du HCMV pourrait contribuer à son potentiel oncomodulateur, car il semble accélérer les mécanismes d’oncogenèse. Les cellules cancéreuses géantes polyploïdes (PGCC) ont des caractéristiques semblables à celles des cellules souches cancéreuses (CSC) et donnent naissance à des cellules « filles» lesquelles expriment des marqueurs associés à la transition épithélio-mésenchymateuse (TEM). La présence de PGCC est particulièrement observée dans les cancers de mauvais pronostic. De précédentes études de notre groupe ont mis en évidence la présence de PGCC infectées par le HCMV dans les biopsies de cancer du sein, évoquant ainsi un rôle oncogène direct du HCMV, notamment de certaines souches virales « à haut risque ». Le HCMV a été suggéré comme participant à l'oncogenèse, en particulier dans les cancers du sein, le glioblastome et le cancer épithélial de l'ovaire. Notre travail de thèse a consisté à examiner le potentiel oncogène du HCMV dans ces cancers. Nous avons évalué les souches virales HCMV-B544 et B693, isolées de biopsies de cancer du sein triple négatif EZH2HighMycHigh. Ces souches virales transforment les cellules épithéliales mammaires humaines (HMEC), donnant naissance à « des cellules HMEC transformées par le CMV » (cellules CTH) d’une grande hétérogénéité cellulaire comprenant notamment des PGCC présentant des traits de cellules souches. Une persistance du HCMV est notée dans les cultures à long terme, indiquant une réplication virale continue avec alternance de phase lytique et de latence. Dans le glioblastome, le HCMV a été étudié en tant que vecteur de reprogrammation, dédifférenciant les astrocytes humains matures en « cellules glioblastomateuses induites par le CMV » (cellules CEGBC) présentant des caractéristiques similaires aux cellules de malades. Le HCMV favorise la transformation cellulaire, l'invasion et la de formation de sphéroïdes, corrélé avec une augmentation de l’expression d'EZH2 et de Myc observée également dans les biopsies de glioblastome provenant de malades. Onze souches cliniques de HCMV ont été isolées à partir de biopsies de glioblastome de malades qui reproduisent la transformation d’astrocytes normaux en cellules glioblastomateuses suite à l’infection virale. Ces cellules CEGBC sont sensibles aux interventions thérapeutiques, notamment à un inhibiteur d'EZH2, au ganciclovir et à une triple thérapie incluant temozolomide-inhibiteur d’EZH2-ganciclovir, offrant ainsi des perspectives nouvelles pour le traitement de ce cancer de très mauvais pronostic. Concernant le cancer séreux épithélial de l'ovaire de haut grade (HGSOC), les souches « à haut risque » HCMV-DB et de BL transforment les cellules épithéliales ovariennes (OEC) en ''cellules ovariennes transformées par le CMV'' (cellules CTO). Dans ces cellules CTO une augmentation de l'expression d'EZH2 ainsi que la présence de PGCC avec des traits de cellules souches cancéreuses avec TEM ont été observées. À partir de biopsies de HGSOC, nous avons réussi à isoler trois souches cliniques de HCMV qui en infectant les cellules OEC donnent naissance à des cellules CTO hautement prolifératives surexprimant EZH2 et générant des PGCCs ; leur transformation étant réduite par les inhibiteurs d’EZH2 in vitro. En résumé, notre travail met en évidence le potentiel oncogène du HCMV dans trois cancers graves, en dévoilant certains des mécanismes moléculaires mis en œuvre lors de la transformation cellulaire et ouvre la voie à des thérapies ciblées qui pourraient améliorer la survie des patients.