Etude de l'effet de la radiochimiothérapie concomitante sur la réponse T spécifique de tumeur dans le sang et le microenvironnement tumoral
Auteur / Autrice : | Benoît Lecoester |
Direction : | Olivier Adotevi, Céline Didelot |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Médecine, cancérologie, génétique, hématologie, immunologie |
Date : | Soutenance le 14/12/2023 |
Etablissement(s) : | Bourgogne Franche-Comté |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Environnements, Santé (Dijon ; Besançon ; 2012-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Interactions hôte-greffon-tumeur et ingénierie cellulaire et tissulaire (Besançon) - Interaction hôte-greffon-tumeur, ingénierie cellulaire et génique |
Site de préparation : Université de Franche-Comté (1971-2024) | |
Jury : | Président / Présidente : Vincent Grégoire |
Examinateurs / Examinatrices : Christine Ménétrier-Caux, Christophe Le Tourneau | |
Rapporteur / Rapporteuse : Vincent Grégoire, Claire Vanpouille-Box |
Mots clés
Résumé
La radiochimiothérapie concomitante (CRT) constitue une combinaison thérapeutique curative utilisée dans plusieurs cancers tels que les cancers bronchiques non à petites cellules (CBNPC), des voies aéro-digestives supérieures, du rectum, ou du col utérin. Le rationnel clinique de l'utilisation de la CRT concomitante repose sur la synergie des effets lésionnels de monothérapies sur la tumeur. Plus récemment, l'association de la CRT et l'immunothérapie adjuvante fut introduite dans la pratique clinique courante afin d'obtenir un effet synergique dans le traitement du CBNPC ou de l'œsophage mais d'autres essais dans différents cancers chez l'Homme ne retrouvent pas de bénéfice clinique. Quelques études ont étudié les mécanismes immunologiques précis impliqués mais ne permettent pas une compréhension exhaustive. Une meilleure compréhension des effets immunologiques impliqués dans la réponse à la CRT est donc nécessaire. L'objectif du premier travail de thèse était d'étudier les signatures et composantes immunitaires induites par la CRT chez l'Homme et la souris pour améliorer l'efficacité des immunothérapies. Nous avons ainsi observé que la CRT induisait un microenvironnement tumoral (MET) plus inflammatoire que la RT néoadjuvante chez des patients atteints d'un cancer du rectum. De plus, nous avons retrouvé l'expression de fortes signatures transcriptomiques en faveur d'une polarisation lymphocytaire TH1 et TRM. Cette activation immunitaire in situ induite par la CRT était corrélée à la réponse histologique. Dans nos modèles murins pulmonaires et colorectaux, la CRT a permis une amélioration du contrôle tumoral sans toutefois induire de réponses complètes. La CRT a induit l'activation et la maturation des DC et mis en place un MET caractérisé par une forte infiltration en LT CD8+ cytotoxiques. L'expression de points de contrôle immunitaire inhibiteurs à des temps précoces après traitement et l'induction de Treg ont également été identifiées comme des mécanismes de résistances lors de la CRT. Ainsi, la combinaison CRT + anti-PD-1 + anti-CTLA-4 a montré son efficacité dans l'induction de réponses complètes et d'une réponse mémoire immunitaire efficace comparativement aux monothérapies (CT ou RT) + immunothérapies. Dans un deuxième travail, nous avons étudié l'évolution de l'immunité adaptive T circulante chez des patients atteints d'un cancer épidermoïde des VADS traité par CRT à base de cisplatine et inclus dans la cohorte prospective i-RTCT. Avant la CRT, 42,5 % et 51,5 % des patients présentaient une réponse T spécifique de TERT et NY-ESO-1, respectivement. Une diminution transitoire de cette réponse a été identifiée pendant la CRT avant un regain et l'apparition de néo-réponses T spécifiques après la fin du traitement. L'analyse par cytométrie en flux de la fonctionnalité des LT a permis d'identifier deux profils immunitaires (immunotypes) avant CRT. Les patients ayant un profil immunitaire avec des LT peu épuisés avant la CRT présentaient un taux de réponses T spécifiques de tumeur significativement augmenté dans le sang. Cet immunotype pré-CRT semblait également être corrélé à une meilleure survie sans progression. Une analyse transcriptomique comparative entre les profils suggère également l'implication de fonctions et de cellules immunosuppressives ainsi que la présence d'un répertoire lymphocytaire T oligoclonal chez les patients ayant un profil immunitaire défavorable.En conclusion, lors de cette thèse nous avons pu étudier les effets de la CRT sur la réponse T spécifique de tumeurs à la fois dans la tumeur et dans le sang. Ces données permettent de mieux comprendre les dynamiques immunitaires qui devraient être pris en compte lors de l'association de la CRT à l'immunothérapie.