Thèse soutenue

Gestes et identités de l'alchimiste en France : 1500-1630

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Auteur / Autrice : Renan Crouvizier
Direction : Pascal Brioist
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 17/11/2023
Etablissement(s) : Tours
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Humanités et Langues (Centre-Val de Loire ; 2018-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'études supérieures de la Renaissance (Tours ; 1956-....)
Jury : Président / Présidente : Valérie Nègre
Examinateurs / Examinatrices : Antonio Clericuzio, Marie-Elisabeth Boutroue
Rapporteurs / Rapporteuses : Didier Kahn, Alfredo Perifano

Mots clés

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Résumé

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L'étude systématique de sources diversifiées écrites (littéraires, juridiques et techniques) et archéologiques, permet de réévaluer la place que l'alchimie a occupée dans la France de la Renaissance entre 1500 et 1630. Les théories concernant la matière validaient à la fois la possibilité de transmutation et donc d'aurifaction, et l'ensemble des pratiques artisanales manipulant la matière : orfèvrerie, verrerie, métallurgie, production de couleurs, d'acides… La question des affaires de fraudes et des escroqueries, dont la littérature générale se fait largement l'écho pendant toute la période et que la justice doit régulièrement instruire, concerne la plupart du temps seulement l'alchimie transmutatoire. Sur le plan social, l'alchimie est largement répartie dans les groupes sociaux urbains, maîtrisant l'écriture et disposant de revenus permettant d'investir au minimum dans la fabrication d'un four et l'achat de quelques ustensiles voire de quelques livres. L'alchimie est pratiquée par les artisans dont c'est le métier, mais un nombre important d'entre eux, probablement en diminution à partir de la fin du XVIe siècle, montre de l'intérêt pour l'alchimie transmutatoire. C'est ce qui intéresse exclusivement les autres groupes sociaux, parmi lesquels nous avons particulièrement remarqué, par leur investissement, les membres du clergé essentiellement régulier, les magistrats et surtout les élites nobiliaires et particulièrement les rois de France, dont la spécificité est de plus faire pratiquer l'alchimie que la pratiquer eux-mêmes. L'attention aux gestes pratiqués a permis de faire apparaître une chronologie spécifique, qui désigne la seconde moitié du XVIe siècle comme étant la période pendant laquelle s'amorce une attention à une pratique plus quantitative et moins qualitative. L'absence de d'instruments de mesure conduit les praticiens à redoubler d'ingéniosité et à développer le recours aux cinq sens d'une manière nettement plus systématique qu'auparavant, et même de tenter de donner plus de précisions aux calculs de proportion. Ces mutations progressives sont le terrain d'une modification des conceptions mêmes de l'alchimie, qui s'affirme au début du XVIIe siècle : la reproductibilité progresse et permet une certain standardisation des opérations ainsi qu'une transmission des connaissances de nature à favoriser ultérieurement un progrès collectif ; en revanche, dans le domaine de l'alchimie transmutatoire, le caractère aléatoire de la réussite des opérations continue de renvoyer à la nécessité de l'aide de Dieu. On peut trouver tout au long du XVIIe siècle des alchimistes pouvant adopter simultanément les deux postures, dans la pratique artisanale comme dans l'alchimie transmutatoire, mais on observe dès le début du XVIIe siècle des praticiens se détournant de l'alchimie transmutatoire, même s'ils ne remettent pas encore en cause les fondements communs aux deux types de pratique.