Thèse soutenue

Etude du phénotype et des fonctions des lymphocytes T folliculaires régulateurs dans des contextes physiologiques et auto-immuns

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Auteur / Autrice : Fanny Martinez
Direction : Nicolas FazilleauMeryem Aloulou
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Immunologie
Date : Soutenance le 21/09/2023
Etablissement(s) : Toulouse 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Biologie Santé Biotechnologies (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut Toulousain des Maladies Infectieuses et Inflammatoires (Toulouse ; 2021-....)
Jury : Président / Présidente : Joost Van Meerwijk
Examinateurs / Examinatrices : Roland Liblau, Laure Michel
Rapporteurs / Rapporteuses : Cécile Delarasse, Pierre Milpied, Maria de la Encarnacion Mariotti-Ferrandiz

Mots clés

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Résumé

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La réponse immunitaire adaptative repose sur la génération de lymphocytes B (LB) matures, que sont les plasmocytes à longue durée de vie (PC) et les lymphocytes B mémoires (mB). Ces cellules assurent une réponse anticorps et une mémoire immunitaire spécifiques de l'antigène sur le long terme. La différenciation de ces cellules a lieu dans une structure particulière des follicules B des organes lymphoïdes secondaires (OLS) : le centre germinatif (CG). Les réactions du CG au cours desquelles les LB maturent sont activement soutenues par les lymphocytes T (LT) folliculaires auxiliaires (Tfh). Les lymphocytes T folliculaires régulateurs (Tfr) sont quant à eux plutôt décrits comme étant des régulateurs négatifs de ces réactions puisqu'ils limitent l'amplitude des réactions du CG, les fonctions des Tfh, et réduisent le métabolisme des LB. Il a également été démontré lors de pathologies auto-immunes (PAI) systémiques que les Tfr inhibent la sécrétion d'auto-anticorps délétères. Néanmoins, dans certains contextes les Tfr promeuvent l'amplitude des réactions du CG, et améliorent la qualité de la réponse anticorps. Les fonctions de ces cellules semblent adaptées aux contextes, ce qui pourrait être en partie dû aux origines diverses des Tfr. En effet, mon équipe d'accueil a pu démontrer que les Tfr peuvent se différencier soit à partir de lymphocytes T régulateurs d'origine thymique (tTregs) soit de lymphocytes T naïfs. Nous les appelons respectivement tTfr et pTfr. Nous pensons également que ces fonctions peuvent être adaptées au contexte antigénique, et notamment lors de PAI organe-spécifiques. Les objectifs de ma thèse ont donc été doubles, en s'intéressant d'une part à l'impact de l'origine des Tfr sur leur phénotype et leurs fonctions, et d'autre part à la régulation exercée par les Tfr lors d'une PAI ciblant le système nerveux central (SNC) : la sclérose en plaques (SEP). Nous avons généré un modèle murin nous permettant de suivre les populations de Tfr au cours du temps. Nous avons démontré que les Tfr se différencient préférentiellement à partir de tTregs. De plus, bien que les pTfr sous expriment le facteur de transcription Foxp3 par rapport aux tTfr, ces deux sous-populations présentent un phénotype similaire. Cependant, le phénotype des pTfr change en fonction des stades du CG, ce qui laisse supposer qu'ils pourraient avoir des intermédiaires de différenciation différents, mais également des fonctions différentes au cours du temps. Afin d'analyser la fonction des pTfr et des tTfr, nous avons développé des modèles murins nous permettant de générer des CG déplétés en l'une ou l'autre des sous-populations. Nous avons ainsi pu démontrer que les pTfr régulent l'activation et la prolifération des Tfh, tandis que les tTfr semblent contrôler la génération de PC et la commutation isotypique des mB. De plus, nous avons étudié le rôle des Tfr au cours de la SEP. De façon surprenante nous avons pu mettre en avant que les Tfr participent à la maladie, aussi bien chez l'humain que chez la souris. Grâce au modèle murin de SEP induit par immunisation avec la protéine humaine de la myéline, nous avons pu démontrer que les Tfr inhibent l'expression du récepteur S1PR2, qui est essentiel au maintien des LB dans les CG. Cette inhibition de S1PR2 promeut la migration des LB vers le SNC, où ils participent à la maladie en restimulant des LT encéphalitogènes via leur fonction cellule présentatrice de l'antigène. Ces LT produisent alors des quantités importantes de cytokines proinflammatoires, telles que l'IFNg et l'IL-17, qui sont extrêmement délétères durant la physiopathologie de la SEP. Globalement, ces travaux permettent de mieux comprendre l'hétérogénéité des fonctions des Tfr. Il pourrait alors être intéressant de chercher à promouvoir l'une ou l'autre des sous-populations de Tfr suivant le contexte physiopathologique.