Thèse soutenue

Stratégies d'optimisation de la radiothérapie en association avec l'immunothérapie pour la prise en charge des cancers

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Auteur / Autrice : Jonathan Khalifa
Direction : Maha AyyoubÉlizabeth Moyal
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Immunologie
Date : Soutenance le 15/12/2023
Etablissement(s) : Toulouse 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Biologie Santé Biotechnologies (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de Recherche en Cancérologie de Toulouse (2011-....)
Jury : Président / Présidente : Julien Mazières
Rapporteurs / Rapporteuses : Stéphane Depil, Etienne Giroux Leprieur, Philippe Lambin

Résumé

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Outre ses effets cytotoxiques directs par action sur l'ADN des cellules tumorales, la radiothérapie est également capable de modifier la réponse immunitaire antitumorale par différents mécanismes : induction d'une mort cellulaire immunogène par stimulation de l'antigénicité des cellules tumorales et relargage de molécules permettant la maturation des cellules présentatrices de l'antigène ; stimulation de l'infiltration leucocytaire tumorale et modification du microenvironnement principalement via les voies du TGF-bêta, de l'hypoxie et de l'adénosine. La dualité d'action de l'irradiation sur la réponse immune (effets immunogènes et effets immunosuppressifs) explique la nécessité d'une part d'associer la radiothérapie à des agents d'immunothérapie, et d'autre part d'identifier des stratégies d'optimisation des modalités d'irradiation afin de favoriser une réponse immune antitumorale, ce qui constitue l'objectif principal de ce travail de thèse. Nous avons montré d'abord qu'au sein d'une population de patients présentant un carcinome bronchique non à petites cellules (CBNPC) sans atteinte ganglionnaire (cN0), la radio-chimiothérapie néoadjuvante dirigée sur la tumeur exclusivement entrainait au niveau des ganglions de drainage tumoral (TDLN) non-irradiés des modifications transcriptomiques au niveau d'ensembles de gènes impliqués dans des voies immunologiques et non-immunologiques. En particulier, il est retrouvé dans les TDLN des patients ayant eu une radio-chimiothérapie, un enrichissement d'un ensemble de gènes surexprimés dans la sous-population de lymphocytes T mémoires ''souches'' (stem cell memory T CD8+) ; cette sous-population ayant été montrée comme étant à l'origine de la prolifération lymphocytaire après blocage de l'axe PD-1/PD-L1. Ces données suggèrent l'importance d'épargner les TDLN lors d'une irradiation, et sont en adéquation avec nos données cliniques montrant l'impact péjoratif en termes de survie sans progression de l'inclusion d'une aire de drainage ganglionnaire non-atteinte dans les volumes d'irradiation en contexte de radio-chimiothérapie concomitante pour le traitement des CBNPC de stade III. Nous avons cherché, dans une deuxième partie à identifier, à partir des sous-populations lymphocytaires circulantes, des biomarqueurs de réponse à une association de radiothérapie stéréotaxique et l'anti-PD-L1 durvalumab (RTS+D) pour la prise en charge de patients porteurs de glioblastome (GBM) en récidive. Nous avons montré que les patients répondeurs à cette association présentaient des proportions élevées de certaines sous-populations de lymphocytes T CD4 et CD8, pouvant constituer de potentiels biomarqueurs de réponse, qui, une fois validés, permettraient de guider la stratégie thérapeutique. Enfin, nous faisons le point dans le cadre d'une revue de la littérature sur les différentes stratégies de délivrance de la radiothérapie afin d'optimiser la réponse immune antitumorale radio-induite. L'apport de ce travail global est de fournir des pistes pour repenser les stratégies classiques d'irradiation à l'ère de l'immunothérapie afin de favoriser la synergie d'action entre les deux modalités.