Exploration du rôle de la sphingosine 1-phosphate dans l'homéostasie de l'épiderme dans le contexte du mélanome cutané primitif
Auteur / Autrice : | Lorry Carrié |
Direction : | Nathalie Andrieu-Abadie, Joëlle Riond |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Cancérologie |
Date : | Soutenance le 30/11/2023 |
Etablissement(s) : | Toulouse 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Biologie Santé Biotechnologies (Toulouse) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de Recherche en Cancérologie de Toulouse (2011-....) |
Jury : | Président / Présidente : Laurence Nieto |
Examinateurs / Examinatrices : Julien Ablain | |
Rapporteur / Rapporteuse : Mehdi Khaled, Irwin Davidson |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Le mélanome cutané est le cancer de la peau le plus agressif du fait de son potentiel métastatique élevé. Détecté précocement, le mélanome cutané est bien traité. A l'inverse, au stade métastatique, l'espérance de vie des patients est réduite. Comprendre les mécanismes cellulaires et moléculaires qui favorisent la progression du mélanome est donc un enjeu majeur de santé publique. Le mélanome cutané primitif se développe à partir des mélanocytes, cellules pigmentées situées au niveau de l'épiderme, la couche la plus superficielle de la peau. Lors de la mélanomagenèse, les cellules tumorales progressent et envahissent le derme sous-jacent où elles atteignent les vaisseaux sanguins et lymphatiques, permettant leur dissémination et la formation de métastases. Cependant, les mécanismes moléculaires responsables des premières étapes de l'invasion ne sont pas complètement élucidés. De nombreuses dérégulations du métabolisme des sphingolipides (SL) ont été rapportées dans les cellules de mélanome. Notamment, dès les premiers stades de la mélanomagenèse, des études ont mis en évidence une surexpression de la sphingosine kinase 1 (SK1), menant à une production et une sécrétion accrues de sphingosine-1-phosphate (S1P) dans le microenvironnement épidermique. La S1P est connue pour activer des voies de signalisation impliquées dans la prolifération et la résistance aux thérapies ciblées des cellules de mélanome. De plus, la S1P peut agir de façon paracrine via les récepteurs S1PR (S1P1-5) exprimés à la surface des cellules composant le microenvironnement tumoral, comme les kératinocytes. Dans ce contexte, le premier objectif de ma thèse était de caractériser le rôle de la S1P sur l'interaction kératinocytes-cellules de mélanome. Nos résultats montrent que la S1P tumorale agit de manière paracrine au niveau des kératinocytes. Plus précisément, la S1P : i) se lie aux récepteurs S1P2 et S1P3, ii) active les voies de signalisation PI3K-Akt et MAPK, iii) stimule l'expression des gènes SNAI1 et SNAI2, qui codent respectivement pour les répresseurs transcriptionnels Snail et Slug, iv) réduit l'expression de CDH1, codant pour la E-cadhérine, v) diminue ainsi l'adhésion des cellules de mélanome aux kératinocytes et vi) stimule leur migration en 2D et leur invasion dans un modèle 3D de peau reconstruite. De plus, l'analyse de biopsies de tumeurs de patients atteints de mélanomes cutanés primitifs, confirme une corrélation inverse entre l'expression de la E-cadhérine de l'épiderme et l'expression de SK1 dans les cellules tumorales. Dans leur ensemble, ces résultats montrent que la S1P, via les récepteurs S1PR, induit des modifications au niveau des kératinocytes, ce qui favorise l'échappement des cellules de mélanome au contrôle exercé par ces cellules. Le deuxième objectif de ma thèse était d'étudier les conséquences de cibler l'axe SK1-S1P-S1PR dans des modèles 2D et 3D de mélanome cutané. Nos résultats montrent que des antagonistes aux récepteurs S1P2-3 ainsi qu'un inhibiteur de SK1 étaient capables de bloquer l'effet paracrine de la S1P dans les kératinocytes. Ces données supportent l'hypothèse selon laquelle ces molécules, utilisées en traitement adjuvant à l'exérèse chirurgicale, peuvent aider à réduire la progression du mélanome vers un stade métastatique. À plus long terme, ces données pourraient faire émerger de nouveaux biomarqueurs pour améliorer le diagnostic des patients à fort risque métastatique. Le ciblage de l'axe SK1/S1P/S1PR en tant que traitement adjuvant à la chirurgie pourrait également offrir de nouvelles approches thérapeutiques.