La concordance des traits des consommateurs et des ressources pour mieux quantifier l'interaction détrivores - litières : une approche inter-écosystème aquatique et terrestre
Auteur / Autrice : | Theo Marchand |
Direction : | Benjamin Pey |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Ecologie fonctionnelle |
Date : | Soutenance le 25/10/2023 |
Etablissement(s) : | Toulouse 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de l’univers, de l’environnement et de l’espace (Toulouse) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire Écologie fonctionnelle et environnement (Toulouse ; 2007-2023) |
Jury : | Président / Présidente : Franck Gilbert |
Examinateurs / Examinatrices : Benjamin Pey, Catherine Fernandez, Christopher Michael Swan, Thibaud Decaens | |
Rapporteur / Rapporteuse : Catherine Fernandez, Christopher Michael Swan, Thibaud Decaens |
Mots clés
Résumé
Les détritivores sont des organismes régulant la décomposition des détritus en les fragmentant, les ingérant et les digérant. Ils influencent les flux de matière et d'énergie au sein des écosystèmes. Les détritivores sont connus pour se nourrir préférentiellement de matière organique de haute qualité, caractérisée par une teneur élevée en macroéléments et une teneur faible en composés réfractaires. Cependant, la grande diversité des détritivores interagit avec une grande diversité de détritus. Cette interaction et ses conséquences sur la décomposition est très variable et difficile à prévoir car elle dépend d'un réseau trophique complexe qui peut être représenté comme la somme d'interactions bipartites. Les règles des interactions bipartites peuvent être identifiées en étudiant les traits fonctionnels qui les sous-tendent. Les traits des deux agents du réseau peuvent agir en interaction, ce qui résulte en une concordance de traits. Dans cette thèse, nous cherchons à mieux comprendre les règles fondamentales de l'interaction entre les macrodétritivores et la litière en (1) identifiant les traits des détritivores et des litières, associés aux contraintes qui régissent la consommation, (2) en testant si la concordance de traits aide à expliquer l'interaction, et (3) en testant si ces règles influencent les détritivores à l'échelle de la communauté. Sous une hypothèse nulle, nous nous attendons à ce que les détritivores soient généralistes et interagissent avec l'ensemble de la litière. Sous l'hypothèse opposée, nous nous attendons à ce que les détritivores soient hyperspécialistes et aient des niches alimentaires restreintes, régies par une forte concordance de traits. Pour mieux comprendre les contraintes et les traits associés, nous avons construit un cadre conceptuel des interactions entre détritivores et litière au niveau individuel (article I). Nous avons identifié 5 contraintes principales : les contraintes spatiales, biomécaniques, digestives, métaboliques et élémentaires. Pour identifier l'importance relative des contraintes et tester si la concordance de traits permet de mieux les expliquer, nous avons réalisé des tests de consommation en laboratoire avec plusieurs espèces de détritivores et plusieurs litières (article II). Les contraintes mécaniques, surtout liées à la résistance de la litière, étaient prédominantes par rapport aux contraintes élémentaires, surtout liées au phosphore. Pour tester si les contraintes mécaniques identifiées régissent l'interaction tout au long du processus de décomposition, nous avons réalisé des tests de consommation en laboratoire avec plusieurs espèces de détritivores et deux espèces de litière selon un gradient de décomposition naturelle (article III). La résistance de la litière avait une influence non linéaire sur le taux de consommation, avec un effet seuil spécifique à chaque espèce de détritivore. Pour tester si les contraintes identifiées dans l'article II entraînaient une concordance chimique entre les détritivores et la litière, nous avons caractérisé les communautés de détritivores du sol dans 12 paires de sites différant par leur litière disponible (article IV). La composition chimique des communautés de détritivores concordait légèrement avec la chimie de la litière locale. En conclusion, nos résultats identifient des règles communes aux écosystèmes aquatiques et terrestres : la résistance de la litière apparait comme un trait majeur influençant la consommation de litière par les macrodétritivores, alors que les contraintes mécaniques sont traditionnellement négligées par rapport aux contraintes élémentaires. De plus, la concordance de traits n'a qu'une faible importance. Les détritivores sont principalement limités par les propriétés de la litière mais ont également des capacités spécifiques à surmonter ces limitations. Les détritivores apparaissent donc comme des consommateurs généralistes avec une tendance à la spécialisation.