Thèse soutenue

Valorisation de l'urée en hydrogène par électro-oxydation : des études cinétique et mécanistique vers la conception et l'optimisation d'un réacteur à l'échelle pilote

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Auteur / Autrice : Guillaume Hopsort
Direction : Théo TzedakisKarine Loubière
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Génie des procédés et de l'Environnement
Date : Soutenance le 06/10/2023
Etablissement(s) : Toulouse 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Mécanique, énergétique, génie civil et procédés (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de génie chimique (Toulouse ; 1992-....)
Jury : Président / Présidente : Alain Bergel
Examinateurs / Examinatrices : Théo Tzedakis, Karine Loubière, Anna Hankin, Manuel A. Rodrigo, Christine Cachet-Vivier, Karine Groenen Serrano, Fabrice Gros
Rapporteurs / Rapporteuses : Anna Hankin, Manuel A. Rodrigo

Mots clés

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Résumé

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Répondant aux défis énergétiques et écologiques, l'électro-oxydation de l'urée offre une alternative prometteuse au traitement biologique des eaux usées. Simple à mettre en œuvre et opérant à température ambiante, elle permet, outre l'action dépolluante, de générer du H2 à la cathode. Utilisant des électrodes peu coûteuses, cette méthode présente un potentiel industriel accentué par la perspective de photo-assister le procédé. Les travaux réalisés dans le cadre de cette thèse visent à développer un procédé électrochimique (conception, mise en œuvre et optimisation) permettant de valoriser l'urine en hydrogène et capable d'être assisté par la lumière solaire. La majorité des recherches actuelles se concentrent sur les matériaux d'électrode, négligeant la dimension génie des procédés, que cette thèse aborde. La compréhension des phénomènes réactionnels liés à l'oxydation anodique de l'urée, implique de disposer d'outils analytiques et de caractérisation. À cet effet, un ensemble analytique (COT, IC-MS, CPG, MEB, granulométrie, BET, DRX) a été développé, adapté et mis en œuvre, ce qui a permis d'établir des bilans de matière de la quasi-totalité des réactifs/produits impliqués. L'étude de la cinétique électrochimique du système a été réalisée via les courbes I=f(E) avec un double objectif (i) étudier l'impact des paramètres opératoires ([j], Ѳ_(/°C), ω_(/RPM)) sur la vitesse de chaque phénomène physico-chimique (génération d'une couche électro-catalytique, transport des réactifs et des produits, cinétique de la réaction) et (ii) accéder à des grandeurs clés décrivant le processus global (énergie d'activation, coefficient de diffusion et de transfert électronique, constante de transfert électronique hétérogène). La validation du procédé à l'échelle laboratoire a été effectuée par des bilans de matière complets, sur des électrolyses à l'échelle de 1 à 2 g d'urée et à des taux de dégradation de 50 à 90%, jamais atteints à ce jour, et cela dans une large gamme de conditions opératoires ([OH^-], Ѳ_(/°C), réacteur mono/bi-compartimenté). Le résultat marquant de cette étude est que les ions cyanate, ammonium, carbonate et nitrite représentent ~80% de l'urée dégradée, l'azote ne dépassant pas ~15%. Des études cinétiques de la dégradation de l'urée ont été par la suite conduites via une méthodologie originale combinant deux approches : l'analyse des lois de vitesse cinétique obtenues (i) sur particules solides de NiOOH et (ii) sur NiOOH électrogénéré. Couplée à l'identification des produits d'oxydation, ces résultats ont permis de mieux comprendre le système et de proposer un mécanisme réactionnel détaillé du processus global (adsorption, réaction chimique, désorption). Un modèle combinant la loi cinétique établie avec les phénomènes de transport diffusifs et convectifs a été proposé. Les profils de concentration ont été déterminés : dans le liquide, la couche de diffusion et la couche solide poreuse de NiOOH à l'électrode. Les prédictions du modèle s'accordent à plus de 95% aux résultats d'électrolyses à l'échelle laboratoire, et ce pour différentes conditions de fonctionnement. Du couplage de ce modèle prédictif avec le mécanisme à chemins réactionnels multiples proposé, un réacteur à l'échelle pilote a pu être conçu, dont l'étude a fait l'objet de la dernière partie de la thèse. L'effet des paramètres opératoires ([j]^°, débit/régime d'écoulement, E) sur les performances du procédé (conversion en urée, transport de matière, stabilité des électrodes et consommation énergétique) a été étudié avec l'urée commerciale puis avec de l'urine humaine, et a permis la validation du procédé à l'échelle semi-pilote (~40 g d'urée). L'ensemble de ces travaux ont contribué à une dynamique de recherche couplant divers domaines scientifiques qui est essentielle pour répondre à des enjeux de dépollution et d'énergie visant à valoriser un déchet en vecteur énergétique.