Thèse soutenue

Un modèle de déplacement et découverte de ressources par des butineurs : le cas des bourdons

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Auteur / Autrice : Ana Morán
Direction : Jacques Gautrais
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Ecologie, biodiversité et évolution
Date : Soutenance le 26/05/2023
Etablissement(s) : Toulouse 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences écologiques, vétérinaires, agronomiques et bioingénieries (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de Recherches sur la Cognition Animale (Toulouse ; 2003-....)
Jury : Président / Présidente : Frederic Bartumeus
Examinateurs / Examinatrices : Richard Fournier
Rapporteurs / Rapporteuses : Simon Benhamou, Carmen Rosa Bessa Gomes

Résumé

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Comprendre comment les pollinisateurs se déplacent dans l'espace est essentiel pour comprendre les dynamiques de pollinisation entre les plantes. Il est généralement supposé que les insectes pollinisateurs recherchent les fleurs en suivant des règles de déplacement simples, de sorte que la probabilité de découvrir une fleur dépend essentiellement de sa distance par rapport au nid. Cependant, des travaux expérimentaux montrent que ce n'est pas toujours le cas. Jusqu'à présent, personne n'a proposé de modèle réaliste de déplacement d'insecte pollinisateur qui tienne compte du fait qu'ils sont des "central place foragers" pour prendre en compte le fait que toutes leurs trajectoires commencent et se terminent en un point central : le nid. Afin d'approfondir nos connaissances sur le mouvement exploratoire de ces insectes en tant que "central place foragers", je propose un modèle qui produit des trajectoires d'insecte pollinisateur réalistes en tenant compte de l'autocorrélation de la vitesse angulaire de l'individu, de l'attraction vers le nid et d'un bruit gaussien. Les quatre paramètres de ce modèle ont été ajustés sur la base de trajectoires expérimentales recueillies sur des bourdons (Bombus terrestris) sur le terrain. Le modèle peut décrire non seulement les statistiques de trajectoires des insectes pollinisateurs, mais aussi ceux d'autres animaux qui fourragent autour d'un point central. Le modèle proposé permet de calculer des prédictions théoriques sur la pollinisation en milieu naturel. Dans le présent travail, j'ai exploré les statistiques de découverte des fleurs en fonction de la taille et de la densité des parcelles de fleurs. Les simulations de trajectoires de bourdons mettent en évidence deux effets qui avaient été négligés jusqu'ici : un effet de masquage qui réduit la détection des fleurs proches les unes des autres et un effet d'échelle qui module ce premier effet en fonction de la distance entre les fleurs. Au niveau de la plante, les fleurs éloignées du nid sont plus souvent découvertes par les bourdons dans les environnements à faible densité. Au niveau de la colonie, les butineuses trouvent plus de fleurs lorsque celles-ci sont petites et à des densités moyennes. Ces résultats suggèrent que la pollinisation serait optimisée dans une gamme de densités de fleurs intermédiaires : lorsque la densité est trop faible, trop peu de fleurs sont découvertes ; lorsque la densité devient trop élevée, les fleurs éloignées du nid sont masquées par les fleurs plus proches en raison de l'effet de masquage. Ces résultats indiquent que les processus de recherche et de découverte des ressources sont potentiellement plus complexes que les prédictions fondées sur les seuls effets de distance, et mettent en question l'importance de la distribution et de l'abondance des ressources sur le succès du butinage des insectes pollinisateurs et la pollinisation des plantes.