Thèse soutenue

Emergence de l'inflammasome NLRP1 en tant que senseur de virulence microbienne dans l'épithélium humain

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Auteur / Autrice : Miriam Pinilla
Direction : Étienne MeunierEmmanuel Ravet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Immunologie
Date : Soutenance le 08/06/2023
Etablissement(s) : Toulouse 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Biologie Santé Biotechnologies (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut de pharmacologie et de biologie structurale (Toulouse ; 1996-....)
Jury : Président / Présidente : Joost Van Meerwijk
Examinateurs / Examinatrices : Étienne Meunier, Emmanuel Ravet, Cécile Arrieumerlou, Fabio Martinon, Pablo Pelegrín
Rapporteurs / Rapporteuses : Cécile Arrieumerlou, Fabio Martinon

Mots clés

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Résumé

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Tous les organismes vivants sont continuellement exposés à des agents pathogènes qui peuvent les attaquer et les envahir. Pour cette raison, l'hôte a développé une série de mécanismes de défense afin de détecter et d'éliminer les pathogènes. Un de ces mécanismes est médié par l’assemblage des inflammasomes, des complexes multi-protéiques qui, suite à leur activation, recrutent et activent une protéase inflammatoire, la caspase-1. A son tour, caspase-1, clive une protéine appelée gasdermine D, qui va former un pore dans la membrane cellulaire permettant la libération des cytokines inflammatoires IL-1beta et IL-18 et la rupture membranaire, entraînant ainsi une mort cellulaire lytique et hautement inflammatoire, appelée pyroptose. Il a été démontré que les inflammasomes jouent un rôle crucial dans la défense innée de l'hôte. De ce fait, il existe donc une grande variété d'inflammasomes capables de reconnaître différents stimulus. Le rôle des inflammasomes a été largement étudié dans les cellules de l'immunité innée telles que les macrophages et les neutrophiles, mais pas dans les cellules épithéliales. Cependant, il est important de noter que les cellules épithéliales sont souvent la première barrière cellulaire que les pathogènes rencontrent, et leur réponse est cruciale pour la défense de l’organisme. Il est intéressant de noter que l'inflammasome NLRP1 est fortement exprimé dans les cellules épithéliales (poumon, peau, cornée) et que les mécanismes moléculaires qui régissent son activation sont restés énigmatiques jusqu'à récemment. Au cours de mon doctorat, j'ai étudié le rôle de l'inflammasome NLRP1 en tant que capteur de virulence microbienne dans l'épithélium humain, dans le contexte d'une infection virale par le virus SARS-Cov-2, mais aussi dans le contexte d'une infection bactérienne par Pseudomonas aeruginosa. Le virus du SARS-CoV-2, responsable de la pandémie de COVID-19, infecte principalement les voies respiratoires et il est intéressant de noter que l'une des principales cytokines libérées lors d'un COVID sévère dans les poumons est l'IL-18, ce qui suggère un rôle critique des inflammasomes lors d'une infection par le SARS-CoV-2. En utilisant la lignée cellulaire épithéliale alvéolaire A549 exprimant le récepteur du SARS-CoV-2, ACE2, et surexprimant ou non NLRP1, nous avons découvert que l'infection par le SARS-Cov-2 conduit à une forme pyroptotique de mort cellulaire uniquement dans les cellules exprimant la NLRP1. En détail, nous avons montré que la protéase NSP5 3CL clive NLRP1 et induit une mort cellulaire pyroptotique par une voie alternative qui implique l'activation de la gasdermine E. Enfin, nous avons montré une quantité plus élevée de gasdermine E et d'IL-18 chez les patients atteints de COVID sévère, suggérant qu'une suractivation de la voie NLRP1 pourrait être pathologique pendant l'infection par le SARS-CoV-2. De plus, nous avons observé que les patients atteints de mucoviscidose qui sont infectés de manière chronique par P. aeruginosa présentent un enrichissement en IL-1beta dans les poumons. Ces observations suggèrent fortement l'implication des inflammasomes. Ainsi, nos travaux ont démontré que l'exotoxine A de P.aeruginosa induit l'activation de NLRP1 via l'activation d'une voie de stress ribotoxique impliquant les kinases ZAKalpha et p38. Enfin, nous avons observé que les cellules épithéliales isolées de patients atteints de mucoviscidose présentent des réponses inflammatoires accrues conduisant à une augmentation de la mort cellulaire et de la libération d'IL-18 en réponse à P.aeruginosa. L'ensemble de nos données ont démontré le rôle important de NLRP1 dans la réponse immunitaire contre les pathogènes microbiens (virus ou bactéries) dans l'épithélium humain et leur implication possible dans différentes maladies associées. Le premier projet a déjà été publié (Planes et al., 2022) et le second est en cours de révision dans le Journal Experimental of Medicine (Pinilla et al., 2023).