Mécanismes d'infection, pathogenèse et persistance du virus de l'hépatite E chez l'humain : étude des compartiments digestif et urinaire
Auteur / Autrice : | Olivier Marion |
Direction : | Jacques Izopet |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Microbiologie |
Date : | Soutenance le 10/05/2023 |
Etablissement(s) : | Toulouse 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Biologie Santé Biotechnologies (Toulouse) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Institut Toulousain des Maladies Infectieuses et Inflammatoires (Toulouse ; 2021-....) |
Jury : | Président / Présidente : Nassim Kamar |
Examinateurs / Examinatrices : Jacques Izopet, Isabelle Imbert, Sébastien Hantz, Constance Delaugerre | |
Rapporteur / Rapporteuse : Isabelle Imbert, Sébastien Hantz |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Bien que considéré comme hépatotrope, le virus de l'hépatite E (VHE) présente un tropisme tissulaire très large. Notre travail s'est attaché à l'exploration de deux compartiments extra-hépatiques potentiellement réservoirs du VHE : le tractus digestif et le compartiment urinaire. Nous avons observé in vitro que des cellules intestinales primaires étaient permissives pour le VHE de génotypes 1 et 3. Les cellules polarisées sur transwells produisaient du virus principalement au pôle apical des entérocytes. Les virions sécrétés par les cellules intestinales présentaient une densité de 1,06 à 1,08 g.cm-3, correspondant aux virions quasi-enveloppés retrouvés dans le sérum des patients infectés. La ribavirine inhibait la libération de VHE au pôle basolatéral des cellules intestinales mais pas leur libération apicale pouvant expliquer la persistance d'une réplication entérique du virus chez les patients traités par antiviraux. Le VHE était capable d'infecter des explants intestinaux ex-vivo. Finalement, le génome du VHE et l'antigène de capside ont été détectés au sein des cryptes intestinales d'une patiente transplantée d'organe solide chroniquement infectée. Chez les patients transplantés d'organe solide, l'ARN du VHE était détectable dans les urines de 48% des patients au diagnostic de l'infection. La détection de l'antigène du VHE dans les urines était un marqueur sensible de l'infection à VHE (87%). La densité des particules virales observées dans les urines était faible (1.11-1.12 c/cm3), correspondant à des virions également quasi-enveloppés. In vitro, leur infectiosité était similaire à celle des virions présents dans le sérum des patients. L'antigène du VHE et le génome viral détectables dans les urines présentaient des densités distinctes, suggérant que la majeure partie de l'antigène excrété dans les urines n'était pas associée à des particules infectieuses. La détection du VHE dans les urines n'était pas corrélée à une altération de la fonction rénale ni à une protéinurie de novo. L'excrétion urinaire de VHE était associée à une exposition plus importante au tacrolimus. Enfin, les patients évoluant vers la chronicité présentaient, à la phase aigue de l'infection, un taux plus élevé d'antigène VHE dans le sérum. Notre travail a permis d'identifier et de caractériser les compartiments digestif et urinaire comme des sites de réplication et de diffusion du VHE dans l'environnement. Ces découvertes ouvrent de nouvelles perspectives quant aux mécanismes d'infection et de persistance du VHE chez l'humain.