De la réactivité des basaltes altérés et ses conséquences pour la minéralisation naturelle et industrielle du carbone
Auteur / Autrice : | Sylvain Delerce |
Direction : | Pascale Bénézeth |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de la Terre et des Planètes Solides |
Date : | Soutenance le 07/02/2023 |
Etablissement(s) : | Toulouse 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de l’univers, de l’environnement et de l’espace (Toulouse) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Géosciences Environnement Toulouse (2011-....) |
Jury : | Président / Présidente : Jérôme Viers |
Rapporteurs / Rapporteuses : Sigurdur R. Gislason, Isabelle Martinez |
Mots clés
Résumé
Les basaltes sont des roches abondantes et plus réactives que la plupart des roches silicatées. Ils contribuent fortement à la consommation de CO2 due à l'altération des silicates. Ils font l'objet d'une attention croissante en raison de leur potentiel pour la séquestration du CO2 par minéralisation notamment démontré par les projets CarbFix et Walula. La plupart des études et des démonstrateurs de minéralisation du carbone se sont concentrés sur des basaltes frais ou le verre basaltique pour profiter de leur haute réactivité. Cependant, les basaltes frais n'existent que dans les zones volcaniques actives, et la majeure partie des basaltes exposés à l'altération de surface ou accessibles pour la minéralisation in-situ sont anciens et ont été plus ou moins altérés. Pour caractériser la réactivité des basaltes en fonction de leur degré d'altération et évaluer leur potentiel de minéralisation, 23 basaltes ont été sélectionnés pour représenter une large gamme d'altération avec des roches de surfaces âgées de 0.3 à 13 Ma et des roches de profondeur avec des facies d'altération hydrothermale allant des zéolites à l'actinote. Les caractérisations chimique et minéralogique des échantillons confirment la diversité des facies d'altération, allant de roches principalement composées de minéraux primaires, jusqu'à d'autres dominées par les minéraux d'altération. Tous les échantillons ont d'abord été dissouts en réacteurs fermés à 25 °C avec une solution initiale de pH 3. Une méthode de régression, validée par quatre expériences en réacteurs ouverts à 25 °C et pH 4, a permis de recalculer les vitesses de libération des éléments majeurs à pH 4 pour comparer les roches. Neuf autres expériences en réacteurs ouverts à 120 °C et pH 3 ont permis d'évaluer la dissolution à plus haute température. Les résultats montrent que la dissolution des basaltes altérés est 10 à 100 fois plus lente que celle des basaltes frais ou du verre basaltique, ce qui confirme l'impact de l'altération. On observe aussi que les basaltes altérés libèrent les éléments majeurs à des vitesse similaires malgré leurs origines et minéralogies très différentes. L'altération élimine rapidement l'olivine et le verre basaltique. Aussi, les plagioclases et pyroxènes ont des vitesses de dissolution semblables à celles des minéraux secondaires comme les zéolites ou l'épidote, ce qui peut expliquer cette observation. Les minéraux secondaires comme les chlorites ou les argiles sont peu réactifs et on des surfaces spécifiques considérables, ce qui explique en parite la réactivité réduite des basaltes altérés. La libération préférentielle du Ca et dans une moindre mesure du Mg a été observée pour tous les échantillons, notamment en début de réaction, probablement due à des réactions rapides d'échange métaux-protons. Pour les basaltes d'altération hydrothermale, la présence de minéraux d'altération riches en Ca et Mg et réactifs comme les zéolites et l'épidote permet de maintenir cet effet dans le temps. Les expériences menées ainsi que la carbonatation des roches étudiées ont été simulées sous PHREEQC en utilisant la base de données cinétiques récemment publiée par Heřmanská et al. (2022). Le modèle a pu reproduire les données expérimentales et a confirmé le potentiel de minéralisation des basaltes altérés à des températures supérieures à 100 °C. La perte de réactivité des basaltes n'est pas un processus linéaire. Elle est d'abord rapide avec la dissolution préférentielle de l'olivine et du verre basaltique, puis se stabilise une fois contrôlée par la dissolution plus lente des plagioclases, pyroxènes et de minéraux secondaires de réactivités similaires. Pour la minéralisation in-situ, cette réactivité plus faible est partiellement compensée par la libération préférentielle de Ca et Mg par les zéolite et l'épidote. L'efficacité des basaltes altérés pour la minéralisation du carbone est confirmée par cette étude, en particulier à des températures supérieures à 100°C.