Thèse soutenue

Construction du rapport au risque professionnel et santé psychique au travail : une question de genre ? Le cas de conducteurs et conductrices de bus

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Auteur / Autrice : Said Bensalem
Direction : Brigitte AlmudeverIsabelle Faurie
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 29/09/2023
Etablissement(s) : Toulouse 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Comportement, Langage, Éducation, Socialisation, Cognition (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de Psychologie de la socialisation - Développement et travail (Toulouse ; 2015-....)
Jury : Président / Présidente : Jacques Pouyaud
Examinateurs / Examinatrices : Sandrine Croity-Belz
Rapporteur / Rapporteuse : Anne-Marie Vonthron, Marie-Axelle Granié

Résumé

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Dans le champ de la psychologie sociale du travail et des organisations, c’est à l’articulation de deux thématiques de recherche - la santé au travail et le risque professionnel – que se situe notre recherche visant à analyser la question, encore peu documentée, des inégalités de santé au travail entre hommes et femmes.Notre thèse s’intéresse à une insertion professionnelle contre-stéréotypique pour les femmes – il s’agit en l’occurrence de conductrices de bus – pour examiner ; d’une part, si l’on peut établir des différences de santé psychique entre ces conductrices et leurs homologues masculins ; d’autre part, si ces différences peuvent être mises en lien avec des rapports genrés au risque professionnel, omniprésent dans ce métier.C’est sous l’angle d’une approche psychosociale des rapports entre domaines de vie, étayée sur le modèle d’une socialisation plurielle développé dans le Laboratoire LPS-DT, que cette analyse est menée : il s’agit d’élargir le regard au-delà de la seule sphère professionnelle des sujets (en prenant en compte les expériences de risque vécues en d’autres domaines de vie) pour comprendre aussi bien la construction de la santé au travail que la construction du rapport au risque professionnel et leurs interrelations.L’approche clinique retenue pour cette recherche mobilise plusieurs méthodologies : l’observation de l’activité en situation, à bord des bus ; une tâche d’association verbale autour des notions de risque et de risque professionnel ; la réalisation d’entretiens individuels (trois par sujet). Cette approche en profondeur est appliquée à un échantillon de six conducteurs/trices de bus salariés d’une même société de transport.L’analyse des données recueillies a montré que les différences identifiées entre hommes et femmes ne concernent pas tant le niveau de santé psychique au travail que les processus de construction de celle-ci.Nous sommes aussi parvenus à établir l’existence de différences dans le rapport au risque professionnel, caractérisé à partir d’articulations singulières entre plusieurs de ses dimensions (représentation du risque ; stratégies de faire face au risque ; conduites de prise de risque) : ainsi avons-nous repéré une ''consonance masculine'' et une ''dissonance féminine'' internes à ces rapports.L’étude des processus d’intersignification pour rendre compte de la construction de tels rapports genrés au risque professionnel a montré que l’extension du champ d’intersignification est, elle aussi, différente entre conductrices et conducteurs ; champ étendu pour les unes, champ « limité » aux expériences professionnelles pour la plupart des autres, pouvant avoir des incidences sur l’attitude à l’égard du risque et/ou sur la santé psychique au travail.Pour autant, au-delà de ces différences genrées, c’est aussi des positions singulières à l’égard du risque, présentées par tel ou tel sujet au sein de chaque sous-groupe d’appartenance - hommes/femmes – que les processus d’intersignification des expériences de risque en différents domaines de vie peuvent éclairer ; la personnalisation ouvrant ici des perspectives qui – sans nier les effets d’une acculturation genrée, permet de les dépasser.Les résultats de cette thèse invitent à reconsidérer la place du risque professionnel dans le métier de conducteur de bus, en vue du développement des pratiques de prévention. Au-delà d’une variable objective liée à la situation de travail, le risque doit aussi être considéré dans sa dimension subjective – le rapport au risque -, construit au niveau individuel comme nous l’avons montré, mais aussi au niveau du collectif de travail, où il pourrait faire l’objet d’un travail spécifique dans le cadre d'une démarche de prévention.