La nécropole néolithique de Rouazi à Skhirat (Maroc) : étude archéo-anthropologique
Auteur / Autrice : | Jean-Paul Lacombe |
Direction : | Thomas Perrin, Bruno Maureille |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Archéologie |
Date : | Soutenance le 08/09/2023 |
Etablissement(s) : | Toulouse 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Temps, Espaces, Sociétés, Cultures (Toulouse) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Travaux et recherches archéologiques sur les cultures, les espaces et les sociétés (Toulouse ; 2007-....) |
Jury : | Président / Présidente : Dominique Castex |
Examinateurs / Examinatrices : Jessie Cauliez, Aline Thomas | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Aurore Schmitt, Abdelouahed Ben-Ncer |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
La nécropole néolithique de Rouazi-Skhirat (Province de Témara-Skhirat Maroc), découverte en 1980 (fouilles Daugas et Sbihi-Alaoui), est le plus important ensemble funéraire connu du néolithique moyen du Maroc septentrional. Cet ensemble est inclus dans un cordon dunaire littoral récent de la façade atlantique et se situe dans la zone deltaïque de l’oued Cherrat, à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de la ville de Rabat. Elle est composée de 87 tombes primaires et de 14 dépôts mobiliers, sans compter 11 crânes isolés mis au jour hors stratigraphie, ainsi que des traces d’un habitat à proximité immédiate de la zone funéraire. Cet ensemble daté du 4e millénaire avant notre ère se caractérise par une forte concentration d’immatures décédés avant l’âge d’un an. Malgré leur jeune âge, les cadavres sont intégrés à l’espace funéraire, certains bénéficiant d’artefacts peu communs pour des immatures (colorants, perles en coquilles d’œufs d’autruche et en coquillage, haches polies, céramique, objets en ivoire...). Cet ensemble funéraire se caractérise aussi par des « regroupements » de sépultures, que nous définissons sous le terme « d’unités conceptuelles », avec 2, 3 individus ou plus, enfants ou adultes qui possèdent certainement une « histoire commune » qu’elle soit génétique, sociale ou plus simplement « affective ». La volonté de regroupement de corps est évidente et montre une « activité » intense de cette nécropole, avec présence de zones sans sépulture entourant les unités conceptuelles, pouvant évoquer des zones de passage comme des « sentiers », montrant que les Néolithiques avaient bien réservé cette aire dans un but funéraire et cultuel. Quelques squelettes mettent en évidence des traces de contention du cadavre (ou d’enveloppement) évoquant de probables « transports » du corps, et certainement une volonté de « rapatrier » l’individu pour l’inhumer au sein de cet ensemble funéraire et avec volonté de les regrouper en unités conceptuelles. Ainsi cette nécropole représente une opportunité unique de discuter le fonctionnement d’une nécropole néolithique, tant au niveau de la composition de l’échantillon inhumé que de l’organisation spatiale. L’analyse du recrutement funéraire montre a priori une absence de sélection pour les individus immatures avec une représentation tout à fait compatible avec une démographie naturelle, ce qui est exceptionnel pour cette période. Par contre, pour les individus adultes, un recrutement particulier est démontré, privilégiant les femmes jeunes. L’organisation spatiale, objectivée par une analyse statistique, témoigne d’une volonté de regroupements des enfants décédés durant la période périnatale, et de leur éloignement par rapport aux hommes adultes et aux adolescents. Cela évoque un statut funéraire particulier pour ces jeunes enfants.