La guillotine révolutionnaire : peine de mort, justice d’exception et sensibilités pendant la Révolution française (1789-1804)
Auteur / Autrice : | Guillaume Debat |
Direction : | Valérie Sottocasa |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance le 29/06/2023 |
Etablissement(s) : | Toulouse 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Temps, Espaces, Sociétés, Cultures (Toulouse) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : France, Amériques, Espagne, Sociétés, Pouvoirs, Acteurs (Toulouse ; 1995-....) |
Jury : | Président / Présidente : Pierre Serna |
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Bourdin, Anne Rolland-Boulestreau | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Hervé Leuwers, Anne Simonin |
Mots clés
Résumé
La thèse a pour but de faire une histoire totale de la guillotine au cours de la Révolution française. La guillotine est instaurée, en 1792, comme un progrès humaniste qui rompt avec les usages de l’Ancien Régime à propos de la peine de mort. En 1794, avec la fin de la « terreur », la guillotine est présentée comme le symbole des excès de la Révolution. Comprendre cette inversion des représentations est le point de départ du travail de thèse. Pour le mener à bien, la thèse tente d’articuler ces représentations au réel. En d’autres termes, il s’agit d’une part d’interroger les réalités matérielles de la guillotine et, d’autre part, de compter les condamnés à la guillotine dans les départements au cours de la période révolutionnaire. L’étude de la guillotine se double ici de celle des institutions répressives telles que les tribunaux criminels, les commissions révolutionnaires et extraordinaires ou encore le tribunal révolutionnaire. Pour comprendre l’évolution des représentations autour de la guillotine, la thèse mobilise notamment les concepts forgés par l’histoire des sensibilités.Jusqu’à l’été 1794, la guillotine est plutôt valorisée pour sa dimension spectaculaire. Le rituel qui l’entoure fournit le support idéal pour mettre en scène l’action punitive des autorités révolutionnaires. En parallèle, la guillotine est mobilisée par le mouvement populaire, notamment à Paris, qui en fait le symbole de la justice révolutionnaire. À travers l’investissement de la guillotine, les sans-culottes lanceraient un appel aux autorités pour qu’elles durcissent leur politique contre les ennemis de la Révolution. Dans le même temps, la guillotine provoque une gêne. Elle est une machine qui heurte les sensibilités. Cette gêne, appuyée par des considérations hygiénistes, se fixe sur certaines réalités comme le maintien de la guillotine dressée, les échecs et l’encadrement de la visibilité du sang. Avec Thermidor, le rejet sensible de la guillotine triomphe d’autant mieux que le discours sur la « terreur » se saisit de la guillotine. La guillotine est facilement assimilée à la « terreur », conçue comme la tyrannie de Robespierre, parce qu’elle heurtait les sensibilités chez une élite qui, dans les départements, souhaitaient déjà limiter sa visibilité et celle de la peine de mort.