De l'entreprise à mission à la qualité de société à mission : une analyse de la firme contemporaine en quête de définition et de légitimité
Auteur / Autrice : | Hélène Cabanes |
Direction : | Anne Isla, Éric Pineault |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences économiques |
Date : | Soutenance le 07/09/2023 |
Etablissement(s) : | Toulouse 2 en cotutelle avec Université du Québec à Montréal |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Temps, Espaces, Sociétés, Cultures (Toulouse) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire d'étude et de recherche sur l'économie, les politiques et les systèmes sociaux (Toulouse) |
Jury : | Président / Présidente : Marie Langevin |
Examinateurs / Examinatrices : Yves-Marie Abraham, Sandra Rigot | |
Rapporteur / Rapporteuse : Marie Langevin, Virgile Chassagnon |
Mots clés
Résumé
La firme contemporaine fait l’objet d’une injonction appuyée de la part de la Société civile, celle de devenir une entreprise « responsable ». Dans un contexte de capitalisme financiarisé décrié, alors que des bouleversements climatiques et environnementaux sont prégnants, la définition de la firme et de son rôle dans la Société est débattue. La thèse vise à discuter du repositionnement actuel de la firme au sein de la Société, à l’aune de ces changements.En élaborant un cadre d’analyse qui combine l’économie des conventions et la sociologie néo-institutionnaliste, nous supposons que le repositionnement actuel de la firme – via notamment la qualité de société à mission (QSM), en tant que certification publique et qu’outil de gestion – relève d’une quête de légitimité. Ce cadre heuristique nous permet d’analyser l’émergence d’une nouvelle convention constitutive de la firme, baptisée convention financière responsable. Cette dernière constitue une hybridation de la convention financière actuelle, qui mute afin d’intégrer les inquiétudes sociales et environnementales. La convention financière responsable se décline, en pratique, dans une manière habituelle de faire des affaires, que nous appelons : conception financière et communicationnelle. Le tout est en interaction et en adéquation avec la métaconvention du capitalisme avancé et sa présente déclinaison de capitalisme financiarisé.Partant de la loi PACTE (Plan d’Action pour la Croissance et la Transformation des Entreprises), votée en mai 2019 en France, donnant naissance à la QSM, nous étudions la phase amont de 2017 à 2019 de co-construction de cette loi (Étude empirique 1). Puis, nous examinons la mise en pratique de la QSM dans les firmes, en 2020 (Étude empirique 2). Enfin, nous analysons le discours des entrepreneurs sociaux, principaux promoteurs du développement d’une entreprise à impact, véhiculé lors de l’événement des « universités d’été de l’économie de demain », d’août 2021 (Étude empirique 3).Nous constatons que l’ambition originelle de donner une définition juridique de l’entreprise et de transformer le modèle productif vers une orientation soutenable, est reléguée au profit d’une certification publique. La QSM sert à valoriser la « marque employeur », notamment celle des firmes-monde, tout en incarnant une reconnaissance du secteur de l’entrepreneuriat social, prêchant pour une entreprise lucrative à impact social et environnemental. En outre, la QSM, en tant qu’actif intangible permet d’accroître la valorisation financière de la firme, participant ainsi au maintien de la métaconvention.