Thèse soutenue

Redécouvrir l’activité de l’enseignant tunisien à travers ses débats de normes

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Auteur / Autrice : Wiem El Kadhi
Direction : Louis Durrive
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l’éducation
Date : Soutenance le 27/03/2023
Etablissement(s) : Strasbourg
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences humaines et sociales – Perspectives européennes (Strasbourg ; 2009-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire interuniversitaire des sciences de l'éducation et de la communication (Strasbourg)
Jury : Président / Présidente : Sondess Ben Abid Zarrouk
Examinateurs / Examinatrices : Claire Metz, Ioana Boancă-Deicu
Rapporteurs / Rapporteuses : Abdelmajid Naceur, Dominique Broussal

Résumé

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Notre thèse s’intitule : « Redécouvrir l’activité de l’enseignant tunisien à travers ses débats de normes ». Cette recherche, amorcée en Master 2, porte sur l’activité des professeurs des écoles primaires en Tunisie, l’activité étant ici entendue comme l’effort d’interprétation du cadre normatif par le protagoniste d’une situation de travail. La problématique est la suivante : dans un contexte de forte rationalisation du travail des enseignants en Tunisie, le chercheur s’interroge sur l’expérience normative des professionnels. Comment la personne qui travaille perçoit-elle le service qu’elle rend effectivement et comment s’établit son dialogue avec un monde de normes « ambiguës et strictes » ? Les enseignants déclarent être en grande souffrance, mais le travail est effectué malgré tout. D’abord, cela permet de penser qu’il y a un effort d’actualisation du cadre normatif, une prise en compte de ses exigences dans l’ici et maintenant : qu’est-ce qui est retenu, qu’est ce qui est au contraire laissé de côté dans ce qui fait le présent de l’action ? Ensuite, cela permet de considérer qu’il y a un effort de personnalisation de la réponse apportée au problème, à savoir la rencontre entre un cadre normatif rigide et une réalité infiniment variée et complexe, une rencontre gérée à chaque fois par une personnalité, un acteur singulier. Nous mettrons l’éclairage sur les « renormalisations » de ce dernier, autrement dit ses solutions originales pour réaliser ce qui lui est demandé dans les conditions du moment - mais aussi, plus profondément, ses « débats de normes », c’est-à-dire les différentes possibilités envisagées par le professionnel avant d’agir, lorsqu’il est confronté à la situation et placé dans l’obligation d’intervenir. Nos hypothèses de recherche pour redécouvrir l’activité enseignante découlent du champ des « théories de l’activité » en sciences humaines et sociales aujourd’hui. Il s’agit pour nous d’aller au-delà de l’inventaire des faits et de « ce qu’on demande » à l’enseignant, pour tenter de cerner quelque chose de l’implicite, autrement dit « ce que ça demande », « ce que ça fait » au professionnel de remplir sa mission dans les conditions actuelles. Ce que nous visons, c’est d’accéder au point de vue de l’enseignant, un point de vue au sens fort donné par Canguilhem - celui d’un vivant qui apporte ses propres normes d’appréciation des situations. C’est donc pour cerner la réalité telle que les professionnels la vivent de leur « point de vue » que nos hypothèses partent des différentes représentations que l’on se fait de cette réalité enseignante dans le contexte tunisien. Celles-ci découlent souvent de l’image du travail « en conformité », 344 comme une application mécanique du prescrit sans tenir compte des exigences de la situation réelle. Trois axes principaux structurent la formulation de nos hypothèses. Le premier axe considère la représentation du métier de l’enseignant tunisien en tant qu’elle est une application des normes institutionnelles, ignorant alors tout effort de renormalisation de la part du professionnel. Le deuxième axe explore les causes de cette représentation étriquée du travail, et nous évoquerons les différentes tensions entre les notions de motivation et d’engagement au travail. Et le dernier axe formule les conditions d’une nouvelle image de l’activité enseignante. Les disciplines mobilisées pour cette recherche appartiennent au vaste champ de l’analyse de l’activité ouvert ces dernières décennies : l’ergonomie avec son concept prescrit/réel ; la psychodynamique du travail avec le concept plaisir/souffrance ; la sociologie clinique et son concept-clé de nœud socio-psychique - et enfin l’ergologie à partir du concept de débat de normes...