Étude de la pathogénicité d'un variant faux-sens du gène de susceptibilité à l'autisme CNTNAP2 chez un nouveau modèle de souris
Auteur / Autrice : | Taylor Manett |
Direction : | Laurence Goutebroze, Marta Prieto Garcia |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biologie cellulaire et développement |
Date : | Soutenance le 21/09/2023 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Complexité du vivant (Paris ; 2009-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut du Fer à Moulin (Paris ; 2007-....) |
Jury : | Président / Présidente : Sylvia Soares |
Examinateurs / Examinatrices : Jérôme Devaux | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Christel Depienne, Jérôme Honnorat |
Mots clés
Résumé
Les troubles du spectre autistique (TSA) sont des troubles neurodéveloppementaux définis par des déficits d'interaction sociale et des comportements restreints ou répétitifs. Les TSA présentent une forte héritabilité, déterminée par de rares mutations monogéniques, ainsi que par des variations dans de nombreux gènes de susceptibilité. Le gène CNTNAP2, qui code pour la protéine Caspr2, est considéré comme l'un des principaux gènes de risque pour les TSA, un grand nombre de variants hétérozygotes faux-sens ayant été identifiés chez les patients. Les souris knock-out Cntnap2 présentent des déficits comportementaux de type TSA, ce qui supporte les données de génétique humaine. Cependant, la signification clinique des variants hétérozygotes n'a pas encore été démontrée et reste débattue. Le projet de thèse visait à élucider cette question en évaluant la pathogénicité in vivo d'un variant CNTNAP2 hétérozygote faux-sens identifié chez un patient français atteint de TSA, I236S, qui a été prédit comme pathogène et pourrait être représentatif d'une large classe de variants CNTNAP2. Nous avons généré un nouveau modèle de souris knockin, les souris KI-I236S, et mené une étude comparant les souris de type sauvage et les souris hétérozygotes (HET) KI-I236S. Caspr2 est une glycoprotéine transmembranaire d'adhésion cellulaire neuronale identifiée à l'origine dans les régions juxtaparanodales des nœuds de Ranvier dans les neurones myélinisés matures. Récemment, en étudiant des souris knock-out Cntnap2, le laboratoire a montré que Caspr2 agit également comme un régulateur majeur du développement de l'axone et de la myélinisation. Dans le cerveau, Caspr2 contrôle le diamètre des axones aux premiers stades du développement postnatal, l'excitabilité intrinsèque des neurones corticaux au début de la myélinisation, ainsi que le diamètre des axones et l'épaisseur de la myéline à l'âge adulte. Caspr2 module également le diamètre des axones, l'épaisseur de la myéline et la morphologie du nœud de Ranvier dans les nerfs périphériques. Nous avons donc évalué l'impact du variant I235S sur le développement des axones, la myélinisation et l'organisation des nœuds de Ranvier dans le système nerveux central et périphérique. Nous avons également caractérisé en détail le comportement des souris HET KI-I236S, en utilisant une batterie de tests qui peuvent indiquer des déficits cognitifs, moteurs et sensorimoteurs. De façon intéressante, les souris HET KI-I236S présentent des déficits cognitifs et somatosensoriels dépendants du sexe par rapport aux souris de type sauvage (interaction sociale légèrement réduite chez les femelles ; sensibilité à la chaleur et force musculaire légèrement réduites chez les mâles). Elles présentent également des altérations sexe-dépendantes des axones myélinisés et des fibres C sensorielles non myélinisées du système nerveux périphérique. Les analyses du cerveau ne montrent pas de défauts majeurs de myélinisation chez les souris mutantes adultes, mais suggèrent que le variant pourrait perturber les fonctions de Caspr2 au début de la myélinisation, conduisant probablement à une accélération des processus de myélinisation à des stades précoces. Ainsi, nos résultats indiquent que les variants faux-sens hétérozygotes de CNTNAP2 tels que I236S peuvent affecter la fonction de Caspr2 de manière dépendante du sexe in vivo, et suggèrent que les variants de CNTNAP2 de la même classe pourraient être pathogènes et contribuer au développement des TSA chez les patients, et/ou contribuer à la variabilité interindividuelle dans les conditions physiologiques.