Thèse soutenue

Excitabilité corticale : physiologie de la bistabilité conditionnelle impliquée dans la mémoire de travail paramétrique dans le cortex préfrontal et l'impact de la maladie d'Alzheimer & Mutations de gènes neurodéveloppementaux dans les interneurones et activité épileptique du cortex somatosensoriel

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Morgane Leroux
Direction : Bruno DelordJeanne Paz
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neurosciences
Date : Soutenance le 22/09/2023
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cerveau, cognition, comportement (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des systèmes intelligents et de robotique (Paris ; 2009-....)
Jury : Président / Présidente : Thierry Bal
Examinateurs / Examinatrices : Emmanuel Procyk
Rapporteurs / Rapporteuses : Suliann Ben Hamed, Valérie Crepel

Résumé

FR  |  
EN

L'équilibre entre l'excitabilité et l'inhibition dans les réseaux neuronaux du neocortex est crucial. Dans ce manuscrit, nous avons examiné les mécanismes neuronaux de l'excitabilité corticale dans les conditions physiologiques et pathologiques au travers de deux aires néocorticales, le cortex préfrontal (CPF) et le cortex somatosensoriel primaire (S1), chez le rat et la souris.Dans une première partie, nous avons étudié les mécanismes de la mémoire de travail paramétrique (MTP), qui permet de maintenir des informations quantitatives transitoires, dans le CPF chez le rat. L'activité persistante gradée (APG), substrat de réseau de la MTP, est caractérisée par une activité de décharge qui se maintien au-delà de la fin d'un stimulus et dont la fréquence est proportionnelle à l'amplitude du signal à retenir. Les modèles de réseaux neuronaux du CPF suggèrent que la bistabilité conditionnelle (BC), une propriété intrinsèque neuronale, peut soutenir l'APG grâce à des conductances cationiques non sélectives activées par le calcium (CAN). À l'aide d'outils électrophysiologiques in vitro, nous avons développé un protocole de stimulation électrique dérivé de notre modèle et nous avons mis en évidence, pour la première fois, l'existence de la BC dans les neurones pyramidaux du CPF. Nous avons démontré que la BC dépend de l'activation des récepteurs cholinergiques muscariniques 1 et des canaux CAN qui génèrent des dépolarisations du potentiel de membrane appelées après-dépolarisations (ADP). De plus, nous avons généré de l'APG en tranche de CPF de rat qui dépend également de l'activation des récepteurs muscarinique 1 et des canaux CAN. Ces résultats soutiennent l'idée que l'APG dépend des neurones bistables conditionnels dans le CPF.Dans un second temps, nous avons montré comment la BC est affectée dans des conditions pathologiques affectant la mémoire de travail. D'abord, nous avons évalué comment la BC est impactée au cours du vieillissement et dans la maladie d'Alzheimer en utilisant la lignée murine 5xFAD. Nous avons montré que la BC existe dans les neurones du CPF chez les souris contrôles et 5xFAD de 2 mois, et qu'elle dépend de l'activation des canaux CAN par la modulation cholinergique. De plus, nous avons mis en évidence que la BC diminue chez les souris 5xFAD à 6 mois et chez les souris contrôles à 12 mois. Ensuite, nous avons évalué l'effet du traumatisme crânien dans le CPF chez le rat. Nous avons montré que la BC est affectée 3 semaines après le traumatisme. Nos résultats suggèrent que la déficience de BC dans la maladie d'Alzheimer, le vieillissement et après un traumatisme crânien pourrait participer à la perte de mémoire de travail observée dans ces conditions.Enfin, nous avons étudié les conséquences de mutations de gènes neurodéveloppementaux à l'échelle du neurone et du réseau dans le S1 chez la souris. La famille de gènes Maf est exprimée dans les interneurones et connue pour être impliquée dans la neurogenèse et la migration neuronale au cours du développement. Des mutations de Mafb et c-Maf dans les interneurones entraînent une augmentation de l'excitabilité neuronale, des modifications de morphologie des synapses et un déséquilibre excitation/inhibition du circuit. Cependant, nous ignorons si ce sont les interneurones de type parvalbumine (PV) ou somatostatine (SST), ou bien les deux, qui sont responsables de l'hyperexcitabilité du réseau du S1. Nous avons observé que, dans les interneurones SST, la délétion de Mafb affecte le nombre d'interneurones SST, alors que la délétion de c-Maf diminue l'excitation synaptique et augmente l'activité épileptique dans les cortex S1 et CPF in vivo. En revanche, nous n'avons pas observés de modifications de l'excitabilité neuronale ou de réseau à la suite des délétions de Mafb ou c-Maf dans les interneurones PV. Ces résultats suggèrent que le déséquilibre excitation/inhibition dans le S1, causé par les mutations Maf, est médié par les interneurones SST.