Thèse soutenue

Identification et validation de nouvelles cibles vaccinales pour prévenir l'infection du foie au cours du paludisme

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Auteur / Autrice : Pierre Bigeard
Direction : Olivier SilvieValérie Soulard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Microbiologie et immunologie
Date : Soutenance le 25/09/2023
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Complexité du vivant (Paris ; 2009-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'immunologie et des maladies infectieuses (Paris ; 2014-....)
Jury : Président / Présidente : Stéphanie Graff-Dubois
Examinateurs / Examinatrices : Blandine Franke-Fayard, Nicolas Blanchard
Rapporteurs / Rapporteuses : Jacqueline Marvel, Julius Clemence R. Hafalla

Mots clés

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Résumé

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Le paludisme, avec plus de 247 millions de cas cliniques et 600,000 décès en 2021, est toujours un problème majeur de santé publique (WMR, 2022). Cette maladie est causée par un parasite protozoaire du genre Plasmodium et l’espèce Plasmodium falciparum est responsable de la majorité des décès. Le vaccin anti-paludique le plus avancé, nommé RTS,S/AS01 ne présente qu’une efficacité modérée. Ainsi, le développement d’un vaccin anti-paludique efficace est toujours une priorité. Le stade hépatique de Plasmodium est cible vaccinale intéressante car c’est une étape obligatoire et asymptomatique du développement du parasite chez l’hôte mammifère. Chez la souris et le singe, les lymphocytes T CD8+ (LT CD8+) ont été identifiés comme essentiels à l’immunité protectrice ciblant le stade hépatique. Plus précisément, il a été démontré in vitro et in vivo que les LT CD8+ murins sont capables de reconnaître et d’éliminer des hépatocytes infectés par Plasmodium, via l’IFN- ou la cytotoxicité directe. Néanmoins, la capacité des LT CD8+ humains à éliminer le stade hépatique de P. falciparum reste à démontrer et, à l’heure actuelle, aucun antigène protecteur du stade hépatique de P. falciparum n’a été identifié. Dans ce contexte, nous avons mis en place une approche « epitope-tagging » chez P. berghei, consistant en l’ajout d’un épitope modèle à un antigène d’intérêt. Un parasite transgénique appelé Pb-UIS4-pp65 exprimant la protéine parasitaire UIS4 fusionnée avec l’épitope modèle NLV provenant de la protéine pp65 du cytomégalovirus humain a ainsi été généré. Un test d’élimination du stade hépatique a été mis en place afin d’évaluer la capacité de LT CD8+ humains, spécifiques de l’épitope NLV, à reconnaître et éliminer le stade hépatique de Plasmodium. Nous avons ainsi pu démontrer que les LT CD8+ humains sont capables de reconnaître et éliminer les hépatocytes infectés par Pb-UIS4-pp65 de manière antigène-spécifique et HLA-restreinte, dans des lignées hépatocytaires et des hépatocytes primaires humains. L’utilisation d’anticorps neutralisant l’IFN-, ainsi que d’inhibiteurs des perforine et granzymes, a permis de démontrer que l’élimination des hépatocytes infectés se fait par cytotoxicité directe. L’utilisation de la microscopie dite « timelapse » a confirmé l’implication de l’apoptose des cellules infectées dans l’élimination du parasite par les LT CD8+ humains. Cette approche « epitope-tagging » a par la suite été transposée à P. falciparum avec la génération de parasites étiquetés sur la protéine parasitaire TRAP (Pf-TRAP-pp65), un antigène candidat vaccinal. Bien que la présence de la protéine TRAP ait été confirmée lors du stade hépatique de P. falciparum, aucune élimination du stade hépatique des parasites Pf-TRAP-pp65 par les LT CD8+ spécifiques n’a été observée. Enfin, la capacité de LT CD8+ humains spécifiques de la protéine CSP de P. falciparum (PfCSP) à reconnaître et éliminer le stade hépatique de P. falciparum et du parasite Pb-PfCSP (P. berghei exprimant la CSP de P. falciparum) a été testée. Ici aussi, bien qu’ayant confirmé la présence de la protéine PfCSP durant les stades hépatiques de P. falciparum et de Pb-PfCSP, ces derniers n’ont pas été éliminés par les LT CD8+ spécifiques de la PfCSP. A l’inverse, ces LT CD8+ ont été capables d’éliminer des cellules HepG2 transfectées pour exprimer l’antigène PfCSP. Ces travaux ont permis de démontrer la capacité de LT CD8+ humains à reconnaître et éliminer des hépatocytes primaires humains présentant à leur surface des épitopes dérivés du parasite, et d’identifier la cytotoxicité directe comme mécanisme principal de cette élimination. L’application de ce test fonctionnel et de cette approche « epitope-tagging » à d’autres antigènes de P. falciparum pourrait permettre l’identification de nouveaux candidats vaccinaux.