Risques thrombotiques et hémodynamiques chez les patients hospitalisés en réanimation présentant une fibrillation atriale de novo au cours d’un sepsis : caractérisation, stratification et stratégies thérapeutiques
Auteur / Autrice : | Vincent Labbé |
Direction : | Ariel Cohen, Muriel Fartoukh |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biologie moléculaire et cellulaire |
Date : | Soutenance le 06/12/2023 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Physiologie, Physiopathologie et Thérapeutique (Paris ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Unité de recherche sur les maladies cardiovasculaires, du métabolisme et de la nutrition (Paris ; 2014-....) |
Jury : | Président / Présidente : Armand Mekontso Dessap |
Examinateurs / Examinatrices : Stéphane Ederhy, Fabio Taccone, Jean-Philippe Collet | |
Rapporteur / Rapporteuse : Nadia Aissaoui, Julie Helms |
Mots clés
Résumé
Objectifs Les patients hospitalisés en réanimation pour un sepsis sont à haut risque d’accidents thrombotiques (AT) intéressant l’ensemble des circulations (grande, coronaire, petite). Nous souhaitons étudier ce risque thrombotique lors du sepsis (i) au sein de la grande circulation chez les patients présentant une fibrillation atriale de novo (FAN), (ii) au sein de la circulation coronaire chez les patients présentant un infarctus du myocarde (IDM) et (iii) au sein de la petite circulation chez les patients COVID-19 sévère. Par ailleurs, si le risque d’AT pose la question de l’intérêt de la thromboprophylaxie à dose croissante, l’évaluation du risque hémorragique en regard devra être systématique afin d’établir la balance bénéfice/risque d’un tel traitement. Méthodes Nous avons investigué le risque d’événements cardio-vasculaires majeurs (caractérisation et stratification) incluant les ATs, les hémorragies sévères, et le décès au sein de trois populations de patients septiques présentant une FAN, un IDM, ou une COVID-19 sévère par l’étude (i) de marqueurs tels que la dysfonction de l’auricule gauche à l’échocardiographie trans-oesophagienne (ETO) et la troponine cardiaque, et (ii) des scores de risque thrombotique et hémorragique utilisés chez les patients de cardiologie. Nous avons mené une enquête de pratique sur la gestion du risque thrombotique chez les patients ayant une FA lors d’un sepsis. Enfin nous avons effectué deux essais thérapeutiques : l’essai CAFS (Control Atrial Fibrillation Sepsis) de supériorité multicentrique randomisé, contrôlé comparant trois stratégies usuelles de prévention du risque hémodynamique chez les patients en choc septique présentant une FAN (en cours d’inclusion), et l’essai ANTICOVID (ANTIcoagulation in patients with hypoxemic COVID-19 pneumonia) comparant trois stratégies de traitement anticoagulant avec escalade de dose chez des patients présentant une pneumonie hypoxémiante COVID-19. Résultats Le risque d’évènements cardio-vasculaires majeures est élevé au cours d’un sepsis. Chez les patients en FAN, les approches cardiologiques de stratification des risques thrombotiques (anomalies ETO, score CHA2DS2-VASc) et hémorragiques (score HAS-BLED) semblent limitées. Une approche individualisée basée sur l’ETO et le score CHA2DS2-VASc pourrait néanmoins être intéressante. Ce travail a également mieux caractérisé le risque de formation d’un thrombus intra-cardiaque (absence de thrombus dans les 48 h suivant le début de la FA, prévalence rare de la sidération post cardioversion de l’auricule gauche). Enfin, nous avons confirmé l’hétérogénéité de prise en charge des risques hémodynamiques et thrombotiques justifiant la réalisation d’essais thérapeutiques. Chez les patients ayant un IDM au cours d’un sepsis, les approches cardiologiques usuelles de stratification des risques thrombotiques (scores GRACE et TIMI) semblent également limitées. En pratique usuelle, une stratégie invasive avec revascularisation coronaire précoce est très rarement effectuée. Chez les patients explorés par angiographie coronaire, l’incidence d’une coronaropathie obstructive est importante. Chez les patients présentant une pneumonie hypoxémiante COVID-19, le traitement anticoagulant préventif à dose forte, comparé au traitement anticoagulant préventif à dose standard, a été associé à un meilleur bénéfice clinique net, en raison d’une diminution du risque de thrombose et d'un faible risque hémorragique. Le traitement anticoagulant curatif n'a pas apporté de bénéfice supplémentaire. Conclusions Sur une base physiopathologique pro-thrombotique inhérente au sepsis, ce travail a permis (i) de mieux caractériser certaines situations à haut risque thrombotique (FAN, IDM, COVID sévère), (ii) élaborer des stratégies individuelles thérapeutiques de prévention du risque thrombotique (COVID-19), et (iii) poser les bases de futurs essais au sein de populations spécifiques à très haut risque thrombotique.