Impact du vieillissement sur la prise de décision chez l'être humain en conditions écologiques
Auteur / Autrice : | Jean-Baptiste de Saint-Aubert |
Direction : | Angelo Arleo, Ricardo Chavarriaga |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Neurosciences |
Date : | Soutenance le 20/12/2023 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Cerveau, cognition, comportement (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut de la vision (Paris ; 2009-....) |
Jury : | Président / Présidente : Pierre Maurel |
Examinateurs / Examinatrices : Micah Murray | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Bettina Von Helversen, Irene van de Vijver |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Chaque jour est fait d'innombrables décisions, influencées par la façon dont notre cerveau traite les informations perceptives, concentre l’attention, mobilise la mémoire ou apprend des choix passés. Ces mécanismes évoluent avec l’âge, et le vieillissement impacte l'interaction complexe des différents facteurs qui composent la prise de décision. Cette dernière repose souvent sur un équilibre entre l'exploration de nouvelles possibilités et l'exploitation d'options connues, et plusieurs études montrent que le vieillissement fait tendre les stratégies de décision vers l'exploitation. Cependant, la façon dont l'âge affecte ces stratégies et leurs corrélats neuronaux est encore mal comprise, en particulier dans les contextes dits écologiques de la vie courante. Les principaux objectifs de cette thèse étaient les suivants : i) caractériser l'impact du vieillissement sur le comportement exploratoire pendant l’apprentissage probabiliste ; ii) étudier la cohérence de ses effets sur la prise de décision en contexte abstrait et en contexte écologique ; iii) comprendre comment les bases neurales de ces processus sont affectées dans des conditions mobiles. L'approche méthodologique a reposée sur une analyse approfondie de la conception et de modélisation des tâches utilisées pour caractériser le dilemme exploration/exploitation. Elle a aussi comporté des mesures en électroencéphalographie (EEG) mobile, que nous avons validées par une étude des corrélats corticaux qui sous-tendent les processus cognitifs pendant la navigation active. Par une tâche comportementale déployée à grande échelle sur ordinateur, nous avons d'abord confirmé que les personnes âgées explorent moins que les jeunes, mais de façon plus parcimonieuse, car sans nécessairement impacter la performance et l'efficacité. Nous avons ensuite développé une tâche de décision spatiale dans des conditions écologiques qui présentent un contexte incertain prodiguant peu d’informations sur la distribution des récompenses. Nous avons constaté que les personnes âgées peuvent avoir recours à davantage d’exploration aléatoire et sous-optimale que les jeunes. Ces résultats bousculent la vision classique du dilemme exploration-exploitation fondée sur des paradigmes qui utilisent des représentations abstraites des options et des récompenses. L'analyse de l'activité corticale au cours de cette tâche montre que les personnes âgées présentent des marqueurs de l’absence de récompense moins prononcés dans les zones fronto-centrales que les jeunes, qui montrent un traitement visuel de cette information plus précoce et plus net dans les aires visuelles. Cela confirme des résultats antérieurs sur l'altération du traitement de la récompense chez les personnes âgées, et les étend aux scénarios de prise de décision en mobilité. Dans l'ensemble, ces travaux soulignent la nécessité de concevoir des paradigmes de prise de décision plus écologiques, engageant un ensemble plus large de processus cognitifs décisionnels. Ils soulignent aussi la nécessité de prendre en compte la grande hétérogénéité interindividuelle des effets de l'âge. Une meilleure compréhension des effets multiformes du vieillissement sur ces mécanismes sera essentielle dans un avenir où ce dernier prendra une place grandissante. En complément de ces contributions portant sur la prise de décision au cours du vieillissement sain, un projet a été mené pour évaluer les réponses corticales en EEG chez des sujets aveugles ayant reçu une thérapie de restauration visuelle par optogénétique. Ce projet fait partie d’une étude clinique impliquant une cohorte de patients atteints de rétinite pigmentaire, qui dégrade la vision au cours de l'âge adulte jusqu’à la cécité complète. L'étude a fourni des preuves objectives d'une récupération visuelle partielle au cours d'une tâche de prise de décision perceptive, en démontrant une modulation de l'activité cérébrale occipitale en fonction de la stimulation visuelle.