Rôle des ILC3 et de l'innervation sympathique dans l'induction des structures lymphoïdes tertiaires au cours de l'inflammation pulmonaire
Auteur / Autrice : | Clémence Riffard |
Direction : | Marie-Caroline Dieu-Nosjean, Jean-Luc Teillaud |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biologie moléculaire et cellulaire |
Date : | Soutenance le 28/11/2023 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Physiologie, Physiopathologie et Thérapeutique (Paris ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre d'immunologie et des maladies infectieuses (Paris ; 2014-....) |
Jury : | Président / Présidente : Patrice Debré |
Examinateurs / Examinatrices : Divi Cornec, Philippe Bousso, Nicolas Serafini | |
Rapporteur / Rapporteuse : Daniel Olive, Karen Willard-Gallo |
Résumé
Les structures lymphoïdes tertiaires (TLS) sont des agrégats lymphoïdes organisés, sièges d’une réponse immunitaire cellulaire et humorale, se formant au sein de tissus non lymphoïdes en conditions inflammatoires. La valeur pronostique positive des TLS a été rapportée dans de nombreuses maladies telles que les infections virales ou bactériennes, et divers types de tumeurs solides. Notre équipe étudie la formation de ces structures au sein du parenchyme pulmonaire enflammé. L’axe majeur de mon travail a été l’élucidation du rôle des cellules ILC3 pulmonaires dans l’induction de la néogenèse des TLS. Dans ce cadre, j’ai participé à la mise au point d’un modèle murin d’inflammation pulmonaire induisant la formation de TLS, reposant sur des instillations intranasales de lipopolysaccharide (LPS) bactérien. J’ai d’abord établi une cinétique d’apparition et d’involution des TLS dans le tissu pulmonaire, structures que j’ai caractérisées et quantifiées. J’ai ensuite finement caractérisé l’évolution des ILC3 tout au long de l’inflammation pulmonaire ; j’ai étudié leur profil transcriptomique et évalué leur capacité d’induction de tissu lymphoïde in vitro et in vivo. Ces travaux ont montré que la proportion d’ILC3 augmente dans les poumons parallèlement à la néogenèse des TLS, et que ces cellules expriment de nombreux transcrits de gènes codant des molécules clé des premières étapes de l’organogenèse lymphoïde. Le transfert adoptif d’ILC3 pulmonaires induites par le LPS et exprimant l’eGFP a permis de montrer que ces cellules peuvent migrer vers les poumons des souris receveuses. Il s’est accompagné d’un accroissement de la densité de TLS formées suite au traitement par une faible dose de LPS (induisant une inflammation de faible intensité). Ces travaux m’ont donc permis d’identifier une cible cellulaire prometteuse pour stimuler la formation des TLS pulmonaires, les ILC3. Par ailleurs, le poumon étant un organe densément innervé, notre laboratoire avait commencé à étudier l’impact de la signalisation nerveuse sympathique sur la formation des TLS pulmonaires. Grâce à la déplétion sélective des fibres sympathiques par administration de la neurotoxine 6-OHDA, j’ai montré, dans le modèle d’induction des TLS par le LPS, qu’un nombre et une densité moindres de TLS sont induits en l’absence d’innervation sympathique. J’ai de plus mis en évidence suite au traitement par la 6-OHDA, une diminution significative de la proportion de lymphocytes B pulmonaires naïfs observés après traitement par le LPS, ainsi qu’une diminution de la réponse primaire systémique lors d’une immunisation par l’ovalbumine. Ces données m’ont conduite à émettre l’hypothèse selon laquelle l’innervation sympathique participe à la formation in situ des TLS dans le tissu pulmonaire enflammé, en modulant le compartiment lymphocytaire B. En conclusion, mes travaux de thèse ont visé une meilleure compréhension des mécanismes sous-jacents à la formation des TLS pulmonaires, et ont identifié une cible cellulaire, les ILC3, dont la manipulation pourrait permettre d’induire la formation des TLS, améliorant ainsi le pronostic de patients présentant divers types d’infections ou des cancers.