Thèse soutenue

Effet de l'ablation de D1R sur la migration des interneurones corticaux au cours du développement

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Auteur / Autrice : Anne-Gaëlle Toutain
Direction : Christine Métin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neurosciences
Date : Soutenance le 05/12/2023
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cerveau, cognition, comportement (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut du Fer à Moulin (Paris ; 2007-2024)
Jury : Président / Présidente : Isabelle Dusart
Examinateurs / Examinatrices : Sonia Garel, Emmanuel Valjent
Rapporteur / Rapporteuse : Alessandra Pierani, Fadel Tissir

Résumé

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La dopamine est synthétisée précocement dans le cerveau en développement, et ses récepteurs sont également exprimés dès les stades embryonnaires précoces, dans les deux territoires où sont respectivement générés les deux types de neurones, excitateurs et inhibiteurs, qui organisent ensemble les circuits corticaux. En effet, alors que les neurones principaux, glutamatergiques et excitateurs, sont produits localement et migrent radialement pour constituer les six couches corticales, les interneurones corticaux (INc), GABAergiques et inhibiteurs, naissent dans différentes structures subpalliales, principalement les éminences ganglionnaires médiane (EGM) et caudale et l'aire préoptique, et migrent tangentiellement pour atteindre la plaque corticale, avant de coloniser celle-ci par migration radiale. Cette expression précoce suggère un rôle développemental de la dopamine. Il a été montré que la stimulation de tranches organotypiques par un agoniste des récepteurs D1 de la dopamine (D1R) avait un effet promigratoire sur les INc en provenance de l'EGM, l'effet inverse étant obtenu avec un agoniste des récepteurs D2 de la dopamine (D2R). Mon travail de thèse avait pour objectif de caractériser le rôle de D1R dans la migration et la distribution corticale des INc. D1R est en effet exprimé plus précocement et plus fortement que D2R au cours du développement. Pour ce faire, j'ai étudié les effets de l'ablation de D1R sur la migration des INc, en analysant une lignée knock-out pour D1R (D1R-KO). L'analyse prélable d'une autre lignée, exprimant la GFP sous le contrôle du promoteur du gène Drd1 codant pour D1R, a montré une importante expression corticale de D1R, en regard d'une expression beaucoup plus faible dans l'EGM, ainsi qu'une distribution remarquable de cette expression corticale, le long des voies superficielles de migration des INc. En raison de cette forte expression corticale, j'ai non seulement étudié l'effet sur la migration des INc de l'ablation de D1R dans les INc eux-mêmes, en cultivant des explants d'EGM sauvages ou D1R-KO sur un substrat de migration synthétique permissif (laminine + N-cadhérine) ou sur un substrat de cellules corticales dissociées sauvages, mais également l'effet sur cette migration de l'ablation de D1R dans les cellules corticales, en cultivant des explants d'EGM sauvages sur un substrat cortical sauvage ou D1R-KO. J'ai ainsi pu mettre en évidence, outre un effet cellule-autonome anti-migratoire de cette ablation, un effet non cellule-autonome promigratoire de celle-ci. A E16.5, les altérations de la distribution des INc chez les animaux D1R-KO sont subtiles, mais les analyses in vivo menées chez l'adulte sont en faveur d'effets à long terme de la perturbation de la migration des INc par l'ablation de D1R, ainsi que de l'importance de la composante non cellule-autonome de cet effet. En effet, à P30 et P60, les animaux de la lignée D1R-KO présentent une augmentation généralisée de la densité d'INc, phénotype qui contraste fortement avec celui des animaux knock-out pour D1R dans les seuls neurones corticaux principaux, où on observe à P30 un gradient latéromédian croissant de densité des INc, doublée d'une augmentation de densité dans CA1. Ces résultats confirment l'implication de D1R dans la régulation de la migration des INc, et mettent au jour une double composante de celle-ci, cellule-autonome et non cellule-autonome, qui invite à analyser plus avant les interactions développementales entre les interneurones et les cellules excitatrices du cortex.