Réponse des moussons indienne et africaine au changement climatique d’origine anthropique
Auteur / Autrice : | Marcellin Guilbert |
Direction : | Pascal Terray, Juliette Mignot |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Instrumentation, télédétection, observation et techniques spatiales pour l'océan, l'atmosphère et le climat |
Date : | Soutenance le 20/10/2023 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de l'environnement d'Île-de-France (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire d'océanographie et du climat : expérimentations et approches numériques (Paris ; 2005-....) |
Jury : | Président / Présidente : Francis Codron |
Examinateurs / Examinatrices : Robert Jnglin Wills, Benjamin Sultan | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Hervé Douville, Elsa Mohino |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Les moussons se définissent par un renversement saisonnier des vents qui apporte plus de 80% des précipitations annuelles en Inde et au Sahel, qui en sont largement tributaires. Prévoir leur évolution sous l’effet de l’Homme, qu’on appelle la réponse anthropique, est donc d’une importance capitale d’autant plus que ces deux régions abriteront deux milliards d’habitants en 2100. Cependant, les prédictions de ces moussons que nous sommes capables de fournir sont accompagnées de fortes incertitudes portant sur l’amplitude et parfois sur le signe même de ces changements. En utilisant les simulations réalisées pour le 6ème rapport du Groupe Intergouvernemental sur l’évolution du Climat (GIEC), nous cherchons à comprendre l’origine de ces incertitudes dans les modèles de climat. La performance des modèles à reproduire l'évolution historique (1850-2014) est un facteur de confiance dans leur capacité à prévoir l'avenir. Cependant, ces évolutions historiques sont également marquées par des incertitudes. La première question à laquelle nous voulons répondre est donc: peut-on expliquer l’incertitude des modèles à simuler l’évolution des moussons indienne et sahélienne sur la période historique? Les erreurs que font les modèles par rapport aux observations sont appelées des biais et nous souhaitons tester l’hypothèse qu’ils sont susceptibles d’expliquer en partie les différentes réponses des moussons simulées par les modèles. Nous traitons d’abord le cas de l’Inde, et suivant cette hypothèse, nous montrons que les biais de température des modèles dans l’océan Pacifique équatorial modulent la façon dont ils simulent la réponse historique de la mousson indienne. En effet, nous montrons qu’en modulant la réponse historique de l’océan Pacifique, les biais dans ce dernier affectent la mousson indienne via des mécanismes similaires à ceux qui lient l’ENSO (El Niño – Southern Oscillation) et la mousson en variabilité interannuelle. Nous reproduisons ensuite la même étude pour la mousson sahélienne, où nous montrons que des biais de température dans tous les Tropiques sont fortement liés à la façon dont les modèles simulent son évolution historique. Cependant, nous n'identifions pas le mécanisme physique précis liant ce biais à la mousson sahélienne, mais montrons que cette dernière est fortement dépendante de la façon dont les modèles simulent la réponse du gradient inter-hémisphérique de température, ce qui est physiquement cohérent avec le rôle connu de ce gradient comme modulateur de la position de la zone de convergence intertropicale (ITCZ). Dans la deuxième partie de nos investigations nous basculons dans les projections (2014-2100) basées sur un scénario pessimiste de fortes émissions et adressons la question suivante: quelles sont les sources d’incertitudes de la réponse forcée des moussons au sein des projections? Nous abordons cette fois le cas du Sahel en premier et lions la diversité des réponses à travers les modèles à deux facteurs: la réponse du gradient inter-hémisphérique de température et celle du Pacifique équatorial. Les mécanismes sous-jacents font intervenir une migration de l’ITCZ et une circulation de surface renforcée pour le premier, et une modulation de la circulation de Walker et des ondes tropicales pour le second. Via ces deux facteurs, nous expliquons 62% de l’incertitude des projections au Sahel. Nous traitons finalement le cas du futur de la mousson indienne, et montrons que les incertitudes de celle-ci sont fortement liées à la réponse en température des déserts allant du Sahara au Pakistan, qui influencent également la réponse de la mousson sahélienne. En effet, plus la réponse en température est forte, plus le Heat Low sur les déserts sera prononcé ce qui renforce la circulation en surface des moussons.