Thèse soutenue

Modélisation de la propagation de COVID-19 dans les établissements scolaires afin de maintenir l'apprentissage en personne en toute sécurité

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Elisabetta Colosi
Direction : Vittoria Colizza
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biomathématiques
Date : Soutenance le 12/10/2023
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Pierre Louis de santé publique : épidémiologie et sciences de l'information biomédicale (Paris ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut Pierre Louis d'épidémiologie et de santé publique (Paris ; 2014-....)
Jury : Président / Présidente : Mircea Sofonea
Rapporteur / Rapporteuse : Alessia Melegaro, Jasmina Panovska-Griffiths

Résumé

FR  |  
EN

Lorsque le COVID-19 est apparu comme une pandémie mondiale en mars 2020, les établissements scolaires ont été parmi les premiers lieux à être fermés pour freiner la transmission du SRAS-CoV-2. Cependant, le choix de fermer les écoles pendant une période relativement longue a été très controversé et largement débattu, notamment en raison des effets néfastes sur le bien-être des élèves et le développement de l'apprentissage. C'est pourquoi les gouvernements du monde entier ont progressivement réintroduit les activités en personne dans les écoles, en mettant en œuvre diverses mesures de contrôle pour gérer les cas positifs. Les approches adoptées par les différents pays ont varié, certains adoptant des stratégies réactives en réponse aux cas confirmés, tandis que d'autres ont mis en œuvre des mesures plus proactives au fur et à mesure que la pandémie progressait. Les établissements scolaires sont restées des environnements vulnérables, en particulier en l'absence de vaccination des jeunes élèves et en raison de l'émergence des variants plus contagieux tels que Delta et Omicron. Dans cette thèse, j'ai estimé la transmissibilité du SRAS-CoV-2 dans les établissements scolaires pour différents variants et j'ai évalué une série de stratégies de test et de dépistage afin de fournir des options sûres pour maintenir les écoles ouvertes tout en minimisant les suspensions de l'enseignement. Pour atteindre cet objectif, j'ai développé un modèle basé sur des agents afin de simuler la propagation du SRAS-CoV-2 par le biais d'interactions en face à face entre les élèves et les enseignants d'une école primaire et secondaire en France dans différents contextes épidémiques. J'ai adapté le modèle aux données de prévalence des élèves recueillies lors de campagnes de dépistage pilotes et expérimentales menées lors de phases pandémiques spécifiques, depuis l'émergence de variant Alpha en 2021 jusqu'à le variant Omicron au début de 2022 en France. J'ai ainsi estimé le nombre de reproducteurs effectifs dans les deux établissements scolaires et la contribution de la transmission en milieu scolaire à la propagation chez les enfants. J'ai ensuite évalué l'efficacité de différents protocoles d'intervention pour limiter l'importation et la transmission ultérieure, réduire l'absentéisme scolaire et optimiser les ressources de dépistage par le biais d'une analyse coût-bénéfice. Les résultats de cette thèse mettent en lumière le rôle des contacts scolaires en tant que source potentielle de renouvellement de la transmission pendant la pandémie de COVID-19, en montrant que la transmission dans les établissements scolaires a représenté une contribution considérable. D'après nos résultats, un dépistage régulier avec une adhésion suffisante peut réduire le nombre de cas et d'absences même dans des conditions d'incidence élevée, comme cela a été le cas lors de la vague Omicron au début de 2022. L'efficacité supérieure du dépistage hebdomadaire par rapport aux stratégies réactives est également confirmée par notre analyse rétrospective d'une expérience en conditions réelles dans un certain nombre d'écoles primaires françaises pendant les vagues Delta et Omicron entre la fin de 2021 et le début de 2022. Bien que le COVID-19 ne représente plus une urgence mondiale, il continuera à circuler avec d'autres virus respiratoires saisonniers (grippe, virus respiratoire syncytial, etc.) chez les enfants pendant l'hiver. Le cadre de modélisation développé dans cette thèse est adapté à l'étude de la transmission des virus respiratoires dans des environnements densément peuplés tels que les écoles, à la quantification de leur portée et à l'évaluation de l'impact d'éventuelles mesures de mitigation.