Thèse soutenue

Rôle des hétéromères formés entre les récepteurs de la dopamine et du glutamate dans les adaptations à long terme induites par les substances addictives et le stress

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Auteur / Autrice : Marie-Charlotte Allichon
Direction : Peter Vanhoutte
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neurosciences
Date : Soutenance le 28/11/2023
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cerveau, cognition, comportement (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Neurosciences Paris-Seine (2014-....)
Jury : Président / Présidente : Jean-Antoine Girault
Examinateurs / Examinatrices : Pierre Paoletti, Catherine Le Moine
Rapporteurs / Rapporteuses : Julie Perroy, Manuel Mameli

Mots clés

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Résumé

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L’addiction et la dépression sont des troubles psychiatriques qui se caractérisent par une augmentation de dopamine (DA) dans la partie ventrale du striatum, le nucleus accumbens (NAc), ce qui engendre des altérations de la transmission glutamatergique excitatrice dans le circuit de récompense et déclenche des altérations comportementales persistantes. Il apparait donc important de déterminer les mécanismes par lesquels la DA module les transmissions glutamatergiques dans ces maladies psychiatriques. Les signaux DA et glutamate convergent sur le NAc au niveau des neurones épineux de taille moyenne (MSN), qui sont ségrégés en deux sous-populations suivant qu’ils expriment le récepteur de la DA de type 1 (D1R-MSN) ou de type 2 (D2R-MSN). D’un point de vue fonctionnel, la stimulation de D1R-MSN et D2R-MSN favorise et inhibe le renforcement, respectivement. Les travaux de l’équipe ont montré que l’interaction physique (hétéromérisation) entre le D1R et le récepteur NMDA (NMDAR) du glutamate permettait la facilitation de la transmission glutamatergique par la DA dans les D1R-MSN, alors que d’autres laboratoires ont établi que l’interaction D2R-NMDAR est responsable de l’inhibition des NMDAR par la DA dans les D2R-MSN. Récemment, une étude à laquelle j’ai participé a montré que l’hétéromérisation D1R-NMDAR et D2R-NMDAR, induite par la cocaïne dans le NAc, jouaient un rôle clé dans les adaptations moléculaires, cellulaires et comportementales induites par ce psychostimulant. Des altérations de la transmission glutamatergiques par la DA au sein du NAc étant rencontrées aussi bien dans des modèles précliniques d’addiction que de dépression, nous avons émis l’hypothèse que l’hétéromérisation DAR-NMDAR pourrait être un substrat moléculaire commun à ces deux pathologies. Pour étudier l’impact des DAR-NMDAR dans la dépression, nous avons utilisé un modèle préclinique de défaite sociale chronique (CSDS) qui engendre un phénotype susceptible chez une fraction des souris qui présentent une aversion sociale, une anxiété accrue et une anhédonie, alors que certaines souris sont dites résilientes car, bien que stressées, ne montrent pas de phénotype dépressif. Nous avons montré une hétéromérisation D1R-NMDAR accrue dans le NAc associée au phénotype dépressif aussi bien chez la souris que chez l’Homme. À l’aide d’une stratégie virale permettant le blocage des interactions DAR-NMDAR de manière contrôlée dans le temps, nous avons montré que cibler les interactions D1R-NMDAR empêche le développement et le maintien des symptômes dépressifs ainsi que l’impact du stress sur l’activité des MSN. De manière surprenante, nous montrons que l’inhibition des D1R-NMDAR prévient des effets du CSDS sur l’activité des D1R- MSN, mais également sur les D2R-MSN. Ceci nous a poussés à étudier les effets du stress sur les collatérales inhibitrices réciproques entre ces deux populations neuronales et nous avons montré que le phénotype susceptible est associé à une augmentation des collatérales issues des D1R-MSN projetant sur les D2R-MSN. Dans une seconde partie de mon travail, j’ai souhaité déterminer si le rôle des hétéromères DAR-NMDAR dans les adaptations induites par les psychostimulants pouvait être généralisé à une autre classe de drogue que sont les opioïdes. J’ai pu montrer que le développement des propriétés hédoniques de la morphine était associé à une hétéromérisation D2R-NMDAR, mais pas D1R-NMDAR dans le NAc, dont le blocage prévient le développement des propriétés renforçantes induites par la morphine [...]